Le ministère des Finances a précisé que ce défaut de paiement concernait toutes les obligations extérieures, y compris les prêts accordés par des gouvernements étrangers, en prévision d'un sauvetage par le Fonds monétaire international (FMI).
Un pays est considéré en défaut de paiement quand il est incapable d'honorer ses engagements financiers auprès de ses créanciers, qui peuvent être des États, des institutions financières (Fonds monétaire international, Banque mondiale, etc.) ou des investisseurs sur les marchés financiers.
Le Sri Lanka a demandé l'aide du Fonds monétaire international (FMI), mais les négociations pourraient durer jusqu'à la fin de l'année.
Une solution de dernier recours
"Le gouvernement ne prend cette mesure d'urgence qu'en dernier recours, afin d'éviter une nouvelle détérioration de la situation financière de la république", a indiqué un communiqué du ministère. Les créanciers sont libres de capitaliser les intérêts qui leur sont dus ou d'opter pour un remboursement en roupies sri-lankaises, a-t-il ajouté.
Des semaines de coupures de courant et de graves pénuries de nourriture, de carburant et de produits pharmaceutiques ont plongé une grande partie des 22 millions d'habitants dans la misère, alors que le Sri Lanka connaît sa pire récession depuis son indépendance en 1948.
Le gouvernement a dû imposer des restrictions drastiques afin de contrôler ses réserves de devises, et a interdit de nombreuses importations depuis mars 2020. De mauvaises décisions politiques ont également aggravé les problèmes, selon les économistes.
Des graves pénuries
La frustration de la population à l'égard du gouvernement s'est largement répandue, et de longues files d'attente se forment chaque jour dans toute l'île pour acheter les rares réserves d'essence, de gaz et de kérosène.
Dimanche, des médecins sri-lankais ont prévenu qu'ils étaient presque à court de médicaments vitaux, ajoutant que la crise économique risquait de faire plus de victimes sur l'île que la pandémie de coronavirus.
Plusieurs établissements ont déjà suspendu des opérations de routine depuis le mois dernier parce qu'ils manquaient d'anesthésiques. L'Association médicale du Sri Lanka a souligné que même les opérations urgentes pourraient ne plus être possibles bientôt.
L'année dernière, les agences de notation internationales ont abaissé la note du Sri Lanka, empêchant de facto le pays d'accéder aux marchés de capitaux étrangers pour obtenir les prêts nécessaires au financement des importations de nourriture, de carburant et de médicaments.
La population en colère
Des milliers de personnes ont campé mardi devant le bureau du président Gotabaya Rajapaksa, dans la capitale Colombo, pour la quatrième journée consécutive de manifestations appelant à sa démission.
>> Lire à ce propos : Le président sri-lankais perd sa majorité parlementaire
ats/cal
Défaut de paiement: retour sur quelques précédents
- La Grèce
Fin juin et mi-juillet, alors qu'elle est engluée dans la récession et soumise à une austérité stricte depuis 2010, la Grèce fait défaut en n'honorant pas deux remboursements au FMI pour un total de deux milliards d'euros. Un prêt d'urgence des Européens permet à Athènes de pouvoir à nouveau prétendre l'aide du FMI. En août, un accord entre la Grèce, dont la dette frôle les 180% du PIB, et ses créanciers sur un troisième plan d'aide de 86 milliards d'euros sur trois ans éloigne le risque d'un défaut.
- Le Venezuela
Mi-novembre 2017, le Venezuela est déclaré en défaut partiel sur le remboursement de sa dette par les agences de notation S&P Global Ratings et Fitch. Cette annonce ravive les inquiétudes sur les capacités de Caracas à continuer de rembourser sa dette extérieure d'environ 150 milliards de dollars, alors que le pays est mis en difficultés par la chute des cours du pétrole et les sanctions américaines. Son allié russe lui accorde une restructuration d'un crédit de 3,15 milliards de dollars. Le 2 janvier 2018, le Venezuela est de nouveau en défaut de paiement.
- L'Argentine
En mai 2020, l'Argentine, qui négocie une restructuration de sa dette, connaît elle le neuvième défaut de son histoire, n'honorant pas une échéance de 500 millions de dollars. En mars 2022, Buenos Aires scelle avec le FMI un accord sur le refinancement de la dette que le pays lui doit, soit près de 45 milliards de dollars.