Interrogé sur l'attitude de la Suisse depuis le début de la guerre en Ukraine, le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kuleba s'est dit "agréablement surpris". Malgré sa neutralité, la Confédération a repris les mesures de l'Union européenne visant la Russie.
"Il y a deux nations au monde qui m'ont le plus surpris, dans le bon sens du terme. Il s'agit de la Suisse en Europe et de l'Australie dans le Pacifique", a-t-il confié. "La Suisse aurait pu éviter certains choix en invoquant la neutralité du pays et des lois particulières sur les banques. L'Australie est loin et elle aurait pu mesurer ses efforts contre la Russie et se trouver mille excuses. Mais les deux pays m'ont surpris. Ils ont démontré qu'ils avaient compris la gravité des actions menées par la Russie et la nécessité que le monde démocratique reste uni."
Conflit Ouest/Est
Alors que la région de Kiev vient d'être libérée, Dmytro Kuleba insiste sur l'enjeu que représente désormais la bataille du Donbass, dans laquelle Vladimir Poutine concentre ses forces. "On voit que Poutine est d'humeur belliqueuse. Il veut se battre. Il considérera la voie diplomatique après la bataille pour le Donbass. C'est évident", estime-t-il. "C'est pourquoi il est si important que nous gagnions la bataille du Donbass pour nous mettre en position de force pour de futures négociations."
Pour le chef de la diplomatie ukrainienne, le conflit actuel ne doit cependant pas être confondu avec le début d'une nouvelle guerre. "Le conflit entre l'Ouest et l'Est a commencé en 2008, quand le président Poutine a parlé lors de la conférence de Munich sur la sécurité", précise-t-il, estimant que le discours prononcé alors par le président russe montrait à quel point il était prêt à défier l'Occident.
"Il y a eu tout un très long processus qui inclut l'attaque de la Géorgie, l'annexion illégale de la Crimée, huit ans de guerre dans le Donbass et maintenant, nous sommes dans une nouvelle étape de la guerre. L'Ukraine est la ligne de front", explique Dmytro Kuleba. Et il avertit: "Personne ne doit douter que si Poutine l'emporte en Ukraine, il tentera d'aller plus loin."
>> Voir l'interview intégrale de Dmytro Kuleba:
>> La page spéciale du 19h30 réalisée depuis les faubourgs de Kiev:
Propos recueillis par Philippe Revaz (à Kiev)