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Le croiseur russe Moskva probablement victime de missiles ukrainiens

Le navire amiral russe Moskva a coulé le 14 avril. [REUTERS - Alexey Pavlishak]
Le navire amiral russe Moskva a coulé. - [REUTERS - Alexey Pavlishak]
Le scénario selon lequel des missiles ukrainiens ont frappé le navire amiral russe Moskva, comme le revendique Kiev, a été validé vendredi par le Pentagone, qui crédite ainsi les Ukrainiens d'une victoire majeure. Le navire comptait plusieurs vulnérabilités selon les experts.

Cette victoire est révélatrice de failles navales de Moscou en mer Noire selon des experts. "Nous estimons qu'ils l'ont touché avec deux missiles Neptune", a indiqué à quelques journalistes un haut responsable du ministère américain de la Défense ayant requis l'anonymat, démentant la version de Moscou selon laquelle son navire lance-missiles long de 186 mètres a été "gravement endommagé" par un incendie.

Version mise en doute

Le vaisseau amiral de la marine russe en mer Noire, en service depuis le début des années 1980, a ensuite sombré pendant son remorquage vers le port de Sébastopol, "dans des conditions de mer agitée", selon le ministère russe de la Défense. Une version mise en doute sur Twitter par le général américain en retraite Mark Hertling, qui constatait vendredi matin "des vents de 6 km/h et un peu de pluie ces 24 dernières heures dans la région de Sébastopol".

Comme pour venir accréditer la thèse avancée par l'Ukraine, une frappe a gravement endommagé dans la nuit une usine de la région de Kiev fabriquant des missiles antinavire Neptune, que l'armée ukrainienne assure avoir utilisés contre le bâtiment russe.

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Le missile antinavire ukrainien Neptune est entré en service dans les forces ukrainiennes en mars 2021, selon la presse ukrainienne. Le Neptune est une évolution du missile anti-navire soviétique Zvezda Kh-35, avec des performances nettement améliorées.

Portée de 300 kilomètres

Tiré depuis une batterie à terre, ce système de défense côtière aurait un portée d'environ 300 kilomètres. Le missile ne démasque son radar qu'en phase avancée d'approche de sa cible, pour se protéger au maximum des contre-mesures ennemies, explique une source militaire occidentale.

Ces contre-mesures peuvent être de deux ordres: soit via le brouillage du radar du missile (guerre électronique), soit en détruisant le missile avec une muraille d'obus tirés par un canon anti-aérien dit "système d'arme rapproché" de type américain Phalanx, nommé Duet dans sa version russe.

On ignore si le Moskva disposait de l'un ou l'autre de ces dispositifs. Une certitude toutefois, selon H. Eldon Sutton, expert à l'Institut naval américain, "les défenses anti-missiles du Moskva étaient datées". Outre des missiles antinavires Vulkan et des missiles mer-air Fort de type S-300, le bâtiment russe était équipé de missiles à courte portée Ossa et de canons anti-aériens.

Pas de nouveaux radars

"Il semble que le Moskva soit le seul des navires de sa classe encore en service à n'avoir pas reçu lors de sa modernisation de nouveaux radars capables de repérer efficacement des cibles volant à faible altitude comme les missiles anti-navire Neptune", souligne le site d'information russe Meduza, basé en Lettonie.

Autre facteur de vulnérabilité: "Le croiseur Moskva effectuait des mouvements relativement prévisibles dans la mer Noire" depuis le début de l'invasion russe, souligne H. Eldon Sutton.

"La question est de comprendre pourquoi la Russie gardait ce bâtiment si près des côtes sans savoir si les missiles antinavire Neptune ukrainiens étaient en service", ajoute Rob Lee, expert de l'Institut de recherche de la politique étrangère à Washington.

afp/jpr

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Pas un revers majeur, mais une perte symbolique

"Les frappes russes depuis la mer sont efficaces mais limitées en nombre et la perte du Moskva ne va sans doute pas constituer un revers majeur. Mais la capacité de l'Ukraine à frapper les navires de guerre en mer Noire pourrait forcer les Russes à déployer des moyens de défense aérienne supplémentaires à bord de ses bâtiments ou à éloigner ces derniers des positions proches de la côte ukrainienne", commente l'Institut américain pour l'étude de la guerre.

"Avant ce plausible tir de missile ukrainien, les Russes n'avaient pas la suprématie aérienne, ce qui constitue une condition sine qua non pour lancer une opération amphibie. Aujourd'hui, ils sont moins que jamais prêts à le faire", commente pour sa part un haut gradé de la Marine française.

D'autant que les forces du président Volodymyr Zelensky pourraient prochainement recevoir des armes supplémentaires pour garder leurs côtes. En visite à Kiev samedi, le Premier ministre britannique Boris Johnson s'est engagé à fournir à l'Ukraine des missiles antinavires Harpoon.

Perte symbolique colossale

La domination russe en mer Noire semblait jusque-là incontestable. La perte du Moskva représente un écueil opérationnel important pour les Russes dans la guerre en Ukraine, mais surtout une perte symbolique colossale.

"C'est une perte symbolique très forte", estime l'ex-amiral Pascal Ausseur, directeur général de la Fondation méditerranéenne d'études stratégiques.