Manifestations contre l'extrême droite en France à 8 jours du deuxième tour

Selon le ministère de l'Intérieur, 12'690 personnes se sont mobilisées dans plus de 50 manifestations en région et 9200 à Paris.

"Pas une voix pour Marine Le Pen!", ont martelé les organisateurs devant plusieurs centaines de manifestants à Lille. Mais si les manifestants étaient tous contre l'extrême droite, ils n'ont pas non plus épargné le président sortant. "Mieux vaut un vote qui pue qu'un vote qui tue" figurait ainsi également parmi les slogans.

Ligue des Droits de l'Homme, SOS Racisme, CGT,  Syndicat de la magistrature.... au total une trentaine d'organisation et syndicats appelaient à ces manifestations.

"Profondément antidémocrate"

Marine Le Pen, qui s'est exprimée devant la presse plus tôt dans la matinée, estime que "venir manifester contre les résultats d'une élection" est "profondément antidémocrate. Donc, je pense que les Français trouvent ça désagréable de voir que leur choix est ainsi contesté dans la rue, par l'intermédiaire de manifestations".

Mobilisation nettement moindre qu'en 2002

En terme de mobilisation, le contraste est saisissant avec 2002, quand Jean-Marie Le Pen, le père de Marine, s'était qualifié pour le second tour de la présidentielle. Plus d'un million de personnes étaient descendues dans la rue contre le chef de file du Front national et Jacques Chirac l'avait battu avec près de 82% des voix.

En 2017 la mobilisation était déjà nettement moins forte, dans la rue et dans les urnes. Emmanuel Macron avait alors gagné avec 66% des voix contre la candidate d'extrême droite.

>> Revoir le sujet du 12h45 du 22 avril 2002 :

Emmanuel Macron mise sur l'écologie

A huit jours du scrutin, le président sortant, Emmanuel Macron, et sa rivale d'extrême droite poursuivaient leur campagne sans répit, chacun se posant en rassembleur de la nation. En meeting à Marseille, la deuxième ville de France, le président s'est directement adressé aux électeurs de gauche, en particulier les écologistes, en promettant, s'il était réélu, que son Premier ministre serait directement chargé de la planification écologique.

"La politique que je mènerai dans les cinq ans à venir sera écologique ou ne sera pas", a-t-il lancé. Devant quelques milliers de personnes, il a promis un "renouvellement complet" de sa politique, disant avoir "entendu" le message du premier tour où le leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, chantre de la planification écologique, a failli créer la surprise et accéder au second tour avec 22% des voix, derrière Marine Le Pen avec 23,1%.

Objectif de cette proposition: aller "deux fois plus vite" pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Alors que le thème de la lutte contre le dérèglement climatique a été quasiment absent de toute la campagne de premier tour, Emmanuel Macron a dit vouloir donner une "perspective nouvelle" pour les années à venir, et a défendu son bilan: "Nous n'avons pas rien fait durant ces cinq années", a-t-il martelé, tout en accusant son adversaire d'être "climato-sceptique".

>> Absence de la question écologique dans la campagne: l'interview Justine Reix, journaliste pour Vice France :

Keystone - Jean-Christophe Bott

Défendre "les plus vulnérables"

Au même moment, Marine Le Pen était en immersion dans une petite bourgade rurale du nord-ouest, Saint Rémy-sur-Avre. En terrain conquis dans cette commune de 3900 habitants où elle a recueilli 37,2% des voix, la candidate du Rassemblement national a promis de diriger la France comme une "mère de famille" et de défendre "les plus vulnérables".

"Je serai votre voix", a-t-elle promis à des habitants venus lui exprimer leurs doléances: charges trop lourdes, manque d'aides, absence d'équipements pour handicapés... "Si le peuple vote, le peuple gagne", a lancé Marine Le Pen, toujours inquiète d'une abstention de ses électeurs.

jpr avec les agences