La guerre en Ukraine est aussi une guerre de l’information. En l'état, la Russie annonce un peu plus de 1300 morts dans ses rangs mais le président ukrainien affirme que Moscou aurait perdu près de 20'000 hommes. Côté ukrainien, la dernière estimation de Volodymyr Zelensky fait état de 2500 à 3000 soldats ukrainiens décédés. Mais ces chiffres sont probablement aussi bien inférieurs à la réalité.
Chef de peloton, le fils de cette Ukrainienne qui témoigne mardi dans La Matinale de la RTS a été tué avec tous ses compagnons au début du conflit dans un village de la région de Zaporidja (sud-est de l'Ukraine). "Ils n’avaient aucune arme conséquente face aux tanks russes", explique-t-elle. L’un d’eux a tiré sur mon fils. Il a juste eu le temps de signaler dans son talkie-walkie qu’il était en train de mourir".
Un deuil impossible à faire
Le combattant a été enterré par un homme du village dans ce territoire occupé par les Russes. Sa mère n’a donc pas pu voir le corps de son enfant, dont elle réclame la dépouille. "Même si j’ai reçu des photos, je n’arrive pas à croire, à accepter sa mort".
Et en l'absence des documents nécessaires, qui doivent être signés par un commandant, le décès de ce soldat ukrainien n'est toujours pas comptabilisé officiellement. Tous les officiers sont au combat.
"Nous ne pouvons rien obtenir d’eux", poursuit-elle. "Le ministère de la Défense sait pourtant très bien ce qui s’est passé. Je n’ai jusqu’à maintenant pas pu avoir la notification de son décès entre les mains, parce que personne n’est là pour la signer".
"Nous avons acheté tout son équipement"
Cette mère est aussi en colère, parce qu'elle estime que la mort de son fils aurait pu être évitée. "Il faut que les chaînes de commandement soient bien plus prudentes avec nos soldats", dit-elle. "Si l’artillerie les avait protégés, ils seraient sans doute encore en vie".
Et ces combattants ukrainiens sont souvent trop mal équipés, déplore cette Ukrainienne qui a elle-même travaillé en zone de guerre dans le Donbass en 2014. "Nous avons tout acheté nous-mêmes, casque et gilet pare-balles. Ils leur ont donné du matériel, mais pas de qualité suffisante, donc nous avons acheté tout son équipement avec notre argent".
"Je vous le dis en tant que mère, la guerre est une folie", lance encore celle qui ne voulait pas que son fils parte au combat.
Maurine Mercier/oang