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Fabien Fivaz: "Frontex est en train de devenir une véritable armée au sein de l'UE"

L'invité de La Matinale (vidéo) - Fabien Fivaz, Conseiller national vert
L'invité de La Matinale (vidéo) - Fabien Fivaz, Conseiller national vert / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 11 min. / le 21 avril 2022
Faut-il ou non augmenter la contribution de la Suisse à Frontex? La population se prononcera le 15 mai. Invité jeudi dans La Matinale, le conseiller national (Les Verts/NE) Fabien Fivaz, partisan du "non", dénonce les méthodes "souvent discutables, voire carrément illégales" de Frontex.

Le peuple se prononcera le 15 mai sur une augmentation des contributions financières de la Suisse à Frontex. Les fonds devraient passer de 24 millions de francs en 2021 à 61 millions en 2027.

"Frontex est en train de devenir une véritable armée au sein de l'Union européenne. On parle de 10'000 employés d'ici 2027 et près d'un milliard d'euros de budget chaque année", explique le conseiller national (Les Verts/NE) Fabien Fivaz.

>> Lire aussi : Participation suisse à Frontex "primordiale" pour Karin Keller-Sutter

Méthodes "discutables"

Il estime que les méthodes de l'agence européenne pour la gestion des frontières sont "souvent discutables, voire carrément illégales". "Frontex participe à renvoyer des migrants en Méditerranée directement en Libye. Or, on sait depuis longtemps qu'en Libye les migrants finissent dans des prisons et sont torturés. On parle même d'exécutions sommaires."

Avant d'ajouter: "Il y donc un problème dans le fonctionnement de Frontex qui sert une répression illégale de l'immigration."

Pourtant, l'Union européenne a pris le problème au sérieux: le Parlement européen a publié un rapport, dénoncé les excès et exigé des sanctions. L'organe de lutte anti-fraude de l'UE enquête sur la mauvaise gestion de Frontex.

Rien ne change, estime pourtant Fabien Fivaz. "Le peuple suisse sera le seul à pouvoir se prononcer. C'est l'occasion qu'il puisse dire quels sont les problèmes", souligne le vice-président du groupe des Verts sous la Coupole fédérale.

Aucune menace sur Schengen, dit Fabien Fivaz

Selon lui, Frontex est plutôt le problème que la solution. "Il faut créer des voies de migration qui sont sûres, on doit respecter le droit international, qui garantit un traitement des demandes d'asile lorsqu'elles sont faites. Aujourd'hui, les refoulements illégaux, clairement attribués à Frontex, sont contraires au droit international. Il faut changer cela."

Pour le comité référendaire, réduire les ressources de Frontex pourrait pousser l'UE à renoncer à sa politique de fermeture. Et un "non" le 15 mai ne mettrait pas en danger la participation de la Suisse à Schengen, selon Fabien Fivaz. "L'Europe n'a aucun intérêt à avoir un confetti qu'est la Suisse au milieu de l'Europe hors de Schengen. Elle sera donc prête à renégocier en cas de non du peuple suisse", dit-il, précisant que la libre circulation des personnes ne serait pas menacée.

Et d'ajouter: "Schengen ne doit pas être le bras armé d'une politique migratoire répressive de l'Union européenne."

>> Notre dossier sur les votations fédérales du 15 mai : Votations fédérales du 15 mai 2022

Propos recueillis par David Berger/vajo

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Les organisations de défense des migrants sont divisées

A trois semaines du scrutin, elles font le même constat que les partis de gauche: Frontex ne respecte pas suffisamment les droits fondamentaux des personnes qui veulent demander l'asile en Europe.

Toutefois, toutes les organisations n'appellent pas à voter "non" le 15 mai.

>> Les explications dans La Matinale :

Un véhicule de Frontex en Lituanie. [Keystone - EPA/STR]Keystone - EPA/STR
Les organisations de défense des migrants partent en ordre dispersé dans la campagne sur Frontex / La Matinale / 1 min. / le 21 avril 2022