Tout en se démultipliant dans les médias, le président sortant Emmanuel Macron a tenu vendredi un dernier meeting à Figeac, dans le département rural du Lot (Sud-Ouest), qui avait voté massivement pour lui il y a cinq ans.
L'objectif est de "continuer à accélérer jusqu'au bout" de la campagne et "éviter une démobilisation" des électeurs, expliquait jeudi son entourage, au lendemain du face-à-face télévisé entre les deux adversaires.
"Rien n'est joué"
Emmanuel Macron est donné vainqueur avec des intentions de vote tournant autour de 55%. Cet écart s'est creusé au fil de la campagne, mais il reste moindre qu'en 2017 quand le candidat En Marche avait remporté l'élection avec deux tiers des voix, contre la même candidate d'extrême droite.
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"Rien n'est joué", a averti jeudi le président candidat, appelant ses partisans à "redoubler d'efforts", au cours d'un déplacement consacré aux banlieues et à la rénovation urbaine en Seine-Saint-Denis, dans la région parisienne.
Avant le second tour dimanche, Emmanuel Macron présente le scrutin comme celui du choix entre "un projet républicain et un projet de sortie de la République, de sa laïcité, de sa fraternité".
"Front anti-Macron"
La candidate du Rassemblement national a elle tenu jeudi soir à Arras, dans le Pas-de-Calais, son dernier meeting, qui a pris des allures de "tout sauf Macron". Fustigeant "un Emmanuel Macron nonchalant, condescendant, et d'une arrogance sans limites" lors du débat de mercredi, Marine Le Pen a promis d'être "la présidente du respect des Français".
Dimanche, "la question sera finalement assez simple: Macron ou la France?", a-t-elle lancé, appelant à voter "pour le seul front qui soit républicain, le front anti-Macron".
La candidate tente ainsi de détourner à son avantage la notion de "front républicain" et de "tout sauf l'extrême droite", levier actionné en 2002 contre son père, puis en 2017 contre elle-même pour faire barrage à l'extrême droite.
Marine Le Pen a également opposé vendredi sa relation aux Français à celle du président candidat, "descendu de l'Olympe exclusivement pendant quelques jours" et à la "relation toxique" avec le peuple.
Mobiliser les abstentionnistes
A quelques heures du vote pour le 2e tour, les électeurs de gauche sont encore nombreux à hésiter: aller voter ou ne pas aller voter? Pour certains, le choix est parfois cornélien entre s'abstenir ou faire barrage une nouvelle fois en donnant sa voix à un président qu’ils critiquent.
La correspondante de la RTS à Paris Ariane Hasler a rencontré l'une de ces citoyennes françaises hésitantes. Sociologue, "de sensibilité de gauche", elle est en plein dilemme et annonce qu'elle prendra sa décision dimanche, comme beaucoup d'autres.
L'enjeu pour les deux finalistes, dans ces dernières heures, a donc été de mobiliser les abstentionnistes, de convaincre les hésitants et de séduire en particulier l'électorat du leader de gauche Jean-Luc Mélenchon, plus gros réservoir de voix à l'issue du premier tour (près de 22%).
Le troisième homme de la présidentielle, qui s'est déjà projeté dans les législatives de juin, s'est refusé à donner d'autre consigne au second tour que "pas une voix à Madame Le Pen". Selon le sondages, environ 20% de ses électeurs ne devraient pas respecter sa consigne. La moitié ne souhaite voter ni pour l'un ou l'autre candidat.
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Le début des vacances, notamment dans la région parisienne, constitue un facteur de risque supplémentaire de démobilisation des électeurs. Les derniers sondages anticipent un taux de participation autour de 73%. C'est un point de moins qu'au premier tour.
agences/pha/vic
Législatives incertaines en juin
Les élections législatives du 12 juin, qui suivront en juin le scrutin présidentiel, s'annoncent d'ores et déjà comme un possible "troisième tour", Marine Le Pen comme Emmanuel Macron pouvant avoir du mal à obtenir une majorité parlementaire.
Jean-Luc Mélenchon a affiché son ambition de devenir Premier ministre et d'imposer ainsi une cohabitation, visant un vote massif en faveur des députés de son parti, La France Insoumise.
Simones de Gaulléon, l'IA candidate à la présidentielle française
Et si les Français et les Françaises avait le choix de voter pour une intelligence artificielle à la présidentielle 2022? Une candidate virtuelle, baptisée Simones de Gaulléon, a été imaginée par des scientifiques de l'université de Lille et un collectif d'artistes-designers. Son parti: la France Ultime.
Avec sa tête de Marianne futuriste, animée en 3D, sa voix synthétique et sa conjugaison approximative, Simones de Gaulléon propose un programme électoral sur la base des écrits de Charles de Gaulle, Simone Veil, Simone de Beauvoir, ou encore Napoléon, mixés avec des articles de presse, des discussions avec des militants de tous les bords politiques et des rapports sur l'état du monde, tel que celui du GIEC.
L'intérêt d'une candidature dotée d'une intelligence artificielle est de pouvoir bouleverser les canons de la politique, comme l'explique Max Mollon, enseignant à Sciences Po Paris, dans le 12h30.
"La France est face à des défis complexes et nombreux. La majorité des programmes sont soumis à une logique de clientélisme politique, qui fait qu'ils sont limités dans leurs ambitions et dans leur radicalité. Ce n'est pas le cas de Simones", précise celui qui est aussi le porte-parole de l'IA.