Des croisières aériennes pour faire le tour du monde en 20 jours

Vingt jours, neuf pays, 45'000 kilomètres et 68 heures de vol: les chiffres du tour du monde en avion proposé par certaines agences de voyages donnent le tournis.

Partis de Paris, les passagers s'envolent pour Rio de Janeiro (Brésil), puis le Machu Pichu (Pérou), l'Île de Pâques (Chili), Moorea et Bora Bora (Polynésie française), Sydney (Australie), Hanoï et la Baie d'Halong (Vietnam), les temples d'Angkor (Cambodge), le Taj Mahal (Inde) et enfin Pétra et la Wadi Rum (Jordanie).

Jusqu'à 50'000 francs par passager

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, il n'y a pas de millionnaires ou de célébrités à bord. La plupart des passagers ont en effet cassé leur tirelire pour s'offrir ce périple. "Cela fait dix ans que je prépare financièrement ce voyage", déclare Bruno, l'un des passagers, dimanche dans Mise au point. "Je n'ai jamais pris de vol long-courrier. C'est le voyage d'un vie."

Et une autre passagère, Claude, d'ajouter: "C'est un coup de tête. A mon âge, si je ne le fais pas maintenant, je ne le ferai jamais. Avec l'inflation, il fallait que je dépense mon argent..."

Chaque voyageur a déboursé entre 40'000 et 50'000 francs. A ce prix, le personnel est aux petits soins. Un médecin et un cuisinier les accompagnent également. L'un des clients, André, explique avoir emprunté 20'000 francs à sa famille pour pouvoir s'offrir ce voyage: "C'est un plaisir et à la fois un pari, à près de 90 ans."

La question écologique évacuée

Guy Bijaoui, directeur de l'agence Safrans du monde, a déjà organisé une vingtaine de croisières aériennes. Sur le bilan écologique d'un tel voyage, il balaie la question: "Quel est le prix d'un rêve? J'ai des passagers qui ont versé une larme et qui m'ont dit: 'Aujourd'hui, je suis heureux'. Quelle est la valeur d'une telle phrase? Est-ce qu'on peut la quantifier en kilos de carbone? Je ne crois pas."

Un avis partagé par son confrère Manuel Chablais, de l'agence Ailes à Estavayer-le-Lac, qui propose également à ses clients une croisière aérienne: "Aller passer un week-end de plus à Barcelone, parce que le billet Easyjet est à 20 francs pour finir par faire ses courses chez Zara et boire un café chez Starbucks. Pour moi, cela ne sert à rien."

"Il faut aller vite"

Dans cette croisière aérienne, tout va très vite. Il faut s'adapter aux changements de température et au décalage horaire. "C'est grisant et en même temps, assez fatigant. On fait beaucoup de choses en une seule journée et les nuits sont courtes", explique l'une des passagères, Gina. André admet lui aussi que les différents pays sont "effleurés".

Et Guy Bijaoui de défendre son concept: "Si vous faites un tour du monde en bateau, cela vous prend 120 jours. Je ne considère pas cela comme un tour du monde, mais comme un long voyage. Pour avoir une vision globale sur la planète, il faut aller vite, sinon on oublie ce qu'on a fait au début du voyage."

Les motivations des passagers sont variées. Pour Gina, ce voyage est "comme un pèlerinage", trois ans après le décès de son mari à la suite d'un cancer foudroyant. Ensemble, ils évoquaient souvent ce tour du monde. "C'est pas très écolo", reconnaît-elle. "Et cela peut paraître surfait. Mais j'ai encore de belles années à vivre. Ça ne sert à rien de s'apitoyer sur son sort à la maison. Il faut se lever et avancer."

Sujet TV: Jérôme Galichet

Adaptation web: Valentin Jordil