Ces aveux publics se sont déroulés lors d'une audience historique organisée par la Juridiction spéciale pour la paix (JEP) en Colombie, dans la région même du massacre, le département de Norte de Santander (frontalier avec le Venezuela).
Présentés faussement comme des guérilleros
Un ex-général, quatre colonels, cinq autres anciens militaires et un civil ont reconnu leur participation dans le kidnapping de 120 jeunes dans la petite ville d'Ocana et plusieurs localités voisines. Ils les avaient assassinés de sang-froid puis présentés comme des membres des guérillas d'extrême gauche et d'autres groupes armés opérant dans la zone.
Mardi matin, des dizaines de personnes, dont une cinquantaine de proches des victimes, ont pris place dans le théâtre universitaire d'Ocana pour cette audience. Au cours de celle-ci, les ex-militaires devaient "s'expliquer clairement, répondre aux questions et surtout reconnaître leur responsabilité en direct, face aux victimes et au pays", selon la juge Catalina Diaz qui la présidait.
Le plus grand scandale récent au sein de l'armée
Cette audience publique en forme de catharsis est une étape majeure dans la mise en lumière par la JEP, tribunal spécial issu de l'accord de paix historique signé en 2016 avec la guérilla marxiste des FARC, du plus grand scandale dans l'histoire récente des forces armées colombiennes, connu sous le nom de "faux positifs".
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Visages graves et marqués par l'émotion, les épouses, mères et soeurs des victimes faisaient face sur l'estrade aux anciens militaires, en civil mais toujours le cheveux court.
"Après des années de silence et de peur, l'heure de la vérité est enfin venue d'en terminer avec des décennies d'impunité", expliquait la JEP dans une vidéo diffusée en préalable aux déclarations des ex-soldats. Une "audience de reconnaissance de la vérité et de responsabilité", a souligné la juge Catalina Diaz.
"Nous avons assassiné des personnes innocentes"
"Je reconnais et j'accepte ma responsabilité comme co-auteur de ces crimes de guerre", a déclaré au micro Nestor Gutierrez, caporal de la 15e Brigade mobile à l'époque des faits. "Nous avons assassiné des personnes innocentes, des paysans. Je veux le souligner: ceux que nous avons assassinés étaient de simples paysans", a plaidé l'ancien soldat, évoquant "la pression du haut commandement" et ses "exigences de résultat".
afp/oang