Depuis le premier tour de l'élection présidentielle, la France insoumise (LFI) affiche son ambition d'obtenir la fonction de Premier ministre pour Jean-Luc Mélenchon, qui passerait par une victoire aux élections législatives des 12 et 19 juin.
Dans cette optique, le parti a entamé des tractations avec les différentes forces de gauche, de la gauche radicale anticapitaliste (NPA) au Parti socialiste (PS) en passant par les communistes (PCF) ou les écologistes d'Europe Écologie-Les Verts (EELV). Autant de partis dont les candidats ou candidates ont obtenu moins de 5% des voix lors de la présidentielle.
"On n'avait pas l'impression de discuter avec le même PS qu'il y a deux ou trois ans", a rapporté mercredi à la presse le négociateur en chef de LFI Manuel Bompard. Les deux camps ont affirmé qu'il n'y avait pas de "blocage insurmontable", après des années de fracture profonde et après une campagne présidentielle véhémente d'Anne Hidalgo à l'encontre de Jean-Luc Mélenchon.
"Il y a clairement une volonté d'afficher une rupture avec le PS de François Hollande", s'est réjoui l'eurodéputé insoumi. Selon lui, les représentants du PS "n'avaient pas de difficulté" à s'engager sur certains sujets qui sont "des marqueurs importants" pour LFI, comme le blocage des prix dans le contexte de la guerre en Ukraine, ou encore la nécessité d'une réforme constitutionnelle. "On attend maintenant de la part du PS une déclaration publique qui permet d'acter ces points de convergence", a-t-il prévenu.
Tournant et divisions au PS
Le porte-parole du PS Pierre Jouvet a pour sa part évoqué une "discussion constructive qui nous a permis d'avancer sur certains points" en vue d'un accord. Les deux formations vont "continuer à discuter dans les heures qui suivent", a-t-il précisé.
Envisager un accord avec le parti de Jean-Luc Mélenchon est un tournant majeur pour le PS, désormais menacé de disparition après avoir obtenu moins de 2% à la présidentielle. Mais depuis le vote par son Conseil national d'une volonté de discuter avec LFI, le parti est en proie à des divisions.
Certaines de ses figures, comme l'ancien ministre de François Hollande Stéphane Le Foll ou l'ancien Premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis, s'opposent à une convergence à gauche. "Se ranger derrière Jean-Luc Mélenchon, c'est l'effacement politique final", a estimé mardi Stéphane Le Foll.
Mardi soir, le Premier secrétaire Olivier Faure a invité ceux qui pensent "qu'il n'y a plus rien à faire" à partir.
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"Ça coince un peu" chez les écologistes
D'autres types de tension ralentissent les discussions entre LFI et EELV depuis le début de semaine. "La tâche n'est pas aisée: nous cherchons à faire en quelques semaines ce que nous n'avons pas pu ou pas voulu construire en cinq ans", souligne le chef d'EELV Julien Bayou. "Forcément, ça coince un peu".
En cause, la nature du partenariat entre les deux formations: rejoindre la bannière de l'Union populaire de Jean-Luc Mélenchon, forte de ses presque 22% à l'élection présidentielle, ou créer une coalition respectant la diversité des différentes lignes politiques.
Mardi matin sur France Inter, le candidat EELV à la présidentielle Yannick Jadot a refusé de se ranger sous la bannière du leader insoumis, estimant que l'alliance devait se faire "avec Jean-Luc Mélenchon", et non derrière lui, estimant que cela "ne marcherait pas". À l'inverse, l'économiste écoféministe Sandrine Rousseau, arrivée en deuxième position de la primaire écologiste, estime que c'est à Mélenchon de "mener la coalition".
La relation à l'Europe est aussi une pomme de discorde. Mercredi dans un communiqué, LFI a regretté que "depuis 48 heures, plusieurs dirigeants d'EELV soient revenus publiquement sur les engagements programmatiques importants" déjà pris dans les négociations, comme l'application du principe de désobéissance en Europe "quand cela est indispensable pour appliquer notre programme". Mardi sur France Inter, Yannick Jadot s'est opposé à la "désobéissance civile aux traités de l'UE".
Le membre de l'aile gauche d'EELV Alain Coulombel, qui a été souvent critique de l'attitude de la direction, a rapporté à l'AFP que le parti était uni pour juger que "les conditions actuelles ne sont pas satisfaisantes", par exemple sur la répartition des circonscriptions gagnables.
jop avec afp