L'Indonésie connaît depuis plusieurs mois une pénurie d'huile de palme raffinée, l'huile de cuisson la plus largement utilisée dans l'archipel. Plusieurs événements ont conduit à cette situation, comme la hausse du prix de l'énergie tout d'abord, a expliqué jeudi dans La Matinale Philippe Chalmin, professeur à l'Université Paris Dauphine, spécialiste des matières premières.
La mauvaise récolte de soja en Amérique du Sud et la sécheresse au Canada qui touche la production d'huile de colza sont aussi invoquées. Sans compter les problèmes de main-d'oeuvre causés par le Covid et les incertitudes quant à la production russe et ukrainienne d'huile de tournesol: tous ces éléments ont fait bondir les prix des huiles sur les marchés.
Dans un revirement de dernière minute mercredi soir, les autorités ont précisé que la suspension concernerait l'ensemble des exportations de l'oléagineux, et pas seulement les produits destinées aux huiles alimentaires, comme indiqué un jour plus tôt.
Priorité à l'exportation
Pour maximiser les profits, les producteurs indonésiens se sont concentrés sur l'exportation, privant le marché national de cette huile de cuisson indispensable à la population. Mais la mesure imposée par le président Widodo semble disproportionnée, l'Indonésie n'étant pas un débouché suffisant pour sa production annuelle puisqu'"elle exporte pratiquement les deux tiers de sa production", a encore relevé l'expert.
Cet embargo est une nouvelle onde de choc sur les prix des aliments. Les derniers indices des Nations unies le montrent: les prix des aliments, à cause notamment du cours des huiles, atteignent désormais des niveaux records.
Les huiles alimentaires avaient déjà atteint des records historiques en mars à cause d'un approvisionnement mondial insuffisant dû à l'invasion de l'Ukraine par la Russie, deux grands pays producteurs d'huile de tournesol.
Sujet radio: Katja Schaer
Adaptation web: lan avec afp