Une équipe de scientifiques du Conseil National de la Recherche (CNR) italien vient d’étudier un échantillon du Saint-Suaire à l’aide d’une nouvelle technique de datation par rayons X, appelée WAXS. Elle permet de mesurer le vieillissement naturel de la cellulose du lin à l’aide de rayons X puis de convertir ce vieillissement en temps écoulé depuis la fabrication du tissu.
Les chercheurs ont ensuite comparé les résultats de cette analyse avec quatre échantillons de tissus témoins datant d’époques allant de 3000 ans avant Jésus-Christ jusqu’aux années 2000. Leur conclusion est claire: l’échantillon analysé se rapproche le plus du tissu du siège de Massada, soit il y a environ 2000 ans.
La datation au carbone 14 de 1988 remise en cause
Le suaire de Turin serait donc bien plus ancien que les sept siècles d'âge que lui attribuaient les trois équipes de scientifiques qui avaient procédé en 1988 à une datation au carbone 14 à la demande de l'Eglise.
Mais aujourd’hui encore, alors que cette nouvelle analyse fait grand bruit au sein de la communauté scientifique et des catholiques, l'Eglise ne se prononce pas sur le caractère véridique ou non de la datation.
Il faut dire que l’âge du suaire fait toujours l’objet de controverses et qu’aujourd’hui encore, les conclusions de 1988 sont critiquées. Selon l'expert Gilles Perrault, spécialiste en art et en dépistage de faux, la technique au carbone 14 nécessite des conditions spécifiques de milieu et d’air qui n’existaient pas à l’époque.
Une méthode d'évaluation sujette à caution
Autrement dit, les expériences de 1988 n’ont pas été effectuées sous vide comme elles le sont aujourd’hui. Pour cette raison, les fibres du suaire ont pu être altérées par le toucher de fidèles, l’exposition au soleil ou encore les radiographies du tissu, qui ont elles aussi pu modifier la présence du carbone 14.
Ce sont autant d’éléments qui remettent en cause les conclusions scientifiques de l’époque, mais qui peuvent aussi entacher celles d’aujourd’hui. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les chercheurs de cette dernière découverte appellent la communauté scientifique à confirmer leurs résultats par d’autres recherches, "surtout sur un objet aussi mystérieux que le Saint-Suaire", soulignent-ils.
Carole Pirker/RTSreligion/oang