L'Eglise espagnole refuse de participer à une commission d'enquête sur la pédocriminalité
Cette commission d'enquête "réalisera son rapport sans aucune présence institutionnelle de l'Eglise", a critiqué le secrétaire général de la Conférence épiscopale espagnole (CEE) Mgr Luis Argüello lors d'une conférence de presse. Il a toutefois assuré que l'Eglise "collaborerait avec les autorités civiles de tout type" dans le cadre prévu par la loi.
Les députés espagnols avaient voté début mars la création d'une commission d'experts chargée de mener la première enquête officielle dans le pays sur la pédocriminalité dans l'Eglise catholique, longtemps accusée d'opacité sur ce sujet. Le texte, accepté par une écrasante majorité, prévoyait que cette commission indépendante serait formée de représentants de l'administration, des victimes et du clergé.
Vers plus de transparence
A la différence de pays comme l'Allemagne, les États-unis, la France ou l'Irlande, aucune enquête d'ampleur n'a été menée jusqu'ici sur les violences sexuelles contre les mineurs au sein de l'Eglise en Espagne. Faute de données officielles, le quotidien El País avait lancé sa propre enquête en 2018, recensant 1246 victimes depuis les années 1930. De son côté, l'Eglise a indiqué en mars avoir recensé depuis 2020 plus de 500 cas de violences sexuelles contre des mineurs en son sein.
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L'Eglise espagnole, dont l'attitude a souvent été critiquée, avait annoncé de son côté fin février le lancement d'un audit externe par un cabinet d'avocats, qui a affirmé vouloir aller "jusqu'au bout" pour faire toute la lumière sur ces violences sexuelles.
afp/jop
À Rome, le pape insiste sur la nécessité d'agir globalement
Le pape François a demandé vendredi à la commission pontificale pour la protection des mineurs de lui faire parvenir un rapport annuel sur la lutte contre la pédocriminalité. "Les abus sexuels sur les enfants sont particulièrement graves", a insisté le pape François devant les membres de cet organe consultatif créé en 2014. Il a appelé à un "nouveau départ", car "il reste encore "beaucoup à faire".
Il est notamment revenu sur la nouvelle "constitution" régissant le gouvernement du Saint-Siège, qui entrera en vigueur en juin en remplacement de celle promulguée par le pape Jean-Paul II en 1988.
Commission dédiée
Fruit de neuf ans de travail, ce texte prévoit l'intégration de cette commission au dicastère qui supervise les enquêtes canoniques sur les cas d'agressions sexuelles commis par le clergé, en faisant ainsi un organe à part entière de la Curie romaine, le gouvernement du Vatican.
"Certains pourraient penser que cette cohabitation compromettrait votre liberté de pensée et d'action, voire diminuerait l'importance des questions que vous traitez. Ce n'est pas mon intention", a-t-il ajouté en référence à des critiques craignant la perte d'indépendance de la commission. Il a ainsi assuré que celle-ci resterait "indépendante", avec à sa tête un président nommé par le pape.