"Il ne s'agit pas de suppositions", a déclaré le ministre espagnol de la Présidence lors d'une conférence de presse convoquée avec un caractère d'urgence. Félix Bolaños a parlé de faits "d'énorme gravité" qui se sont produits en 2021.
"Nous avons la certitude absolue qu'il s'agit d'une attaque externe (...) parce qu'en Espagne, dans une démocratie comme la nôtre, toutes les interventions sont effectuées par des organismes officiels et avec une autorisation judiciaire", a-t-il affirmé.
Pas d'indication sur l'origine du piratage
"Dans le cas présent, aucune de ces deux circonstances ne s'est produite", a poursuivi Félix Bolaños. "C'est pourquoi (...) nous n'avons pas le moindre doute qu'il s'agit d'une intervention externe". Le ministre n'a cependant pas précisé si les autorités espagnoles avaient une piste sur l'origine de cette intervention, et notamment si elle émanait d'un pays étranger.
Mais il a indiqué que "deux intrusions" dans le portable de Pedro Sanchez avaient eu lieu en mai 2021 et une dans celui de Margarita Robles en juin 2021. Dans les deux cas, les interventions ont permis d'extraire "un volume déterminé de données des deux téléphones mobiles", a-t-il encore déclaré.
Le gouvernement a déposé plainte pour ces faits lundi auprès de l'Audience nationale, juridiction chargée des dossiers d'importance nationale ou internationale, comme les affaires de terrorisme, afin que toute la lumière soit faite.
Le gouvernement aussi accusé d'espionnage
Ces révélations surviennent alors que l'Espagne est en proie à une crise entre le gouvernement central du socialiste Pedro Sanchez et les milieux indépendantistes de Catalogne. Ces derniers accusent le Centre national du Renseignement (services espagnols de renseignement) d'espionnage.
>> Lire : Le gouvernement espagnol nie l'espionnage de dirigeants indépendantistes catalans
L'affaire a éclaté le 18 avril, lorsque Citizen Lab (projet sur la cybersécurité de l'Université canadienne de Toronto) a rendu public un rapport identifiant 65 personnes de la mouvance indépendantiste dont les portables auraient été piratés entre 2017 et 2020 par le logiciel israélien.
afp/oang
Jusqu'à 50'000 portables écoutés via Pegasus
Conçu par l'entreprise israélienne NSO, Pegasus permet d'accéder aux messageries, aux données ou d'activer un portable à distance à des fins de captation de son ou d'image.
La société a toujours affirmé que Pegasus ne pouvait être vendu qu'à des Etats et que ces ventes devaient obtenir le feu vert préalable des autorités israéliennes.
Selon l'ONG Amnesty International, ce logiciel pourrait avoir été utilisé pour pirater jusqu'à 50'000 portables dans le monde.