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Les seniors japonais disposés à travailler bien au-delà de l'âge de la retraite

Japon personnes âgées [Kimimasa Mayama]
Le vieillissement de la population au Japon oblige les seniors à continuer de travailler / Tout un monde / 4 min. / le 4 mai 2022
Le Japon est réputé pour l'abnégation de ses travailleurs. Les aînés nippons ne sont pas en reste et ne rechignent pas à repousser leur départ à la retraite. Objectifs: financer un système de retraite par répartition, mais aussi conserver le lien social.

Actuellement, au Japon, près de 15% de la main-d'oeuvre totale a plus de 65 ans. Dans le détail, près de la moitié des 65-69 ans travaillent encore. Ils sont un tiers d'actifs parmi les 70-74 ans et encore 10% chez les 75 ans et plus.

Gagner davantage, s'occuper, garder des relations avec l'ensemble de la société et lui être utile: telles sont les principales motivations qui poussent les seniors japonais à repousser leur départ à la retraite.

Retraite à 60 ans, mais possibilité de prolonger

La retraite peut être prise à partir de 60 ans selon les entreprises et les secteurs d'activités, mais elle sera repoussée à 65 ans dès 2025. La loi oblige les entreprises japonaises à garantir à leurs salariés un travail jusqu'à 65 ans s'ils le souhaitent. Légalement, elles doivent même être en mesure de leur offrir un poste jusqu'à 70 ans sur la base du volontariat en aménageant leur contrat de travail.

"En règle générale, nous prolongeons tous les contrats des salariés qui le souhaitent. En principe, l'extension de contrat vaut pour un an, et à l'échéance, si la personne souhaite encore continuer, le contrat est renouvelé. Mais si pour des raisons de santé ou autre il est nécessaire d'aménager le nombre de jours ou d'heures, ou si la personne souhaite partir, nous adaptons les modalités aux besoins et souhaits de chacun", explique Masakazu Toyama, responsable des ressources humaines de l'entreprise Nojima, une chaîne de grandes surfaces d'électroménager.

Personne dans l'entreprise ne dit: 'bon, j'ai 65 ans, ça suffit, j'arrête!'

Masakazu Toyama, responsable des ressources humaines de l'entreprise Nojima

Dans l'émission Tout un monde, Masakazu Toyama précise: "Dans notre entreprise, nous n'avons pour ainsi dire personne qui dit: 'bon, j'ai 65 ans, ça suffit, j'arrête!'".

L'entreprise va même encore plus loin que la loi: elle a carrément supprimé l'âge de la retraite et embauche jusqu'à 80 ans, y compris des personnes déjà retraitées d'autres sociétés. Dans des boutiques Nojima, certains vendeurs ont plus de 70 ans et n'ont pas du tout l'intention d'arrêter.

"Si possible, je souhaite travailler jusqu'à 80 ans. J'ai une spécialité et sur ce plan je suis imbattable face aux jeunes", réagit l'un des employés de Nojima.

Accueil des nouvelles recrues

Pour l'entreprise, employer des personnes âgées peut être un avantage, compte tenu du profil des clients. "Par exemple, si le vendeur a un certain âge, les clients âgés se disent satisfaits d'obtenir des explications d'une personne qui leur ressemble", détaille Masakazu Toyama.

Tous les ans, en avril, commence au Japon une nouvelle année scolaire et comptable. Le rituel est le même dans de très nombreuses entreprises: la cérémonie d'accueil des jeunes recrues. Chez Nojima, près de 900 jeunes diplômés, la vingtaine, arrivent d'un coup dans l'entreprise.

Ces nouvelles recrues sont accueillies par le grand patron Hiroshi Nojima, 71 ans, qui les met directement dans l'ambiance. "Aujourd'hui, vous entrez dans la vie active. Vous abordez ce qui sera sans aucun doute la plus longue période de votre existence. A une ère où l'on dit que l'on vivra centenaire, je pense que vous allez sans doute devoir faire des efforts pendant au moins 60 ans", leur dit-il.

Oreilles attentives, les nouveaux employés ont écouté ces propos religieusement. Aucun d'entre eux n'a quitté la salle, déjà rompus à de tels discours. Ils savent qu'ils devront travailler longtemps... très longtemps.

Karyn Nishimura

Adaptation web: Jérémie Favre

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