Modifié

La détresse d'un père ukrainien: "Les Russes ont enlevé mon fils"

Le père de Vlad, Oleg Buryak, et ses deux enfants. [DR]
Des kidnappings d’enfants par l’armée russe / La Matinale / 4 min. / le 5 mai 2022
L'armée russe utilise la méthode des kidnappings pour briser la résistance ukrainienne. Des maires et des représentants officiels disparaissent, tout comme de simples civils. Des enfants et des adolescents sont aussi enlevés, selon un témoignage recueilli par la RTS.
Vlad a été kidnappé par des soldats russes. [DR]
Vlad a été kidnappé par des soldats russes. [DR]

Depuis un mois, Oleg Buryak vit dans l'angoisse. Son fils de 16 ans est détenu par les Russes. Alors qu'il tentait de fuir sa ville de Melitopol dans un convoi humanitaire, Vlad a été arrêté par des soldats.

>> Le suivi en direct de la guerre en Ukraine : Cessez-le-feu annoncé à Marioupol pour évacuer des civils de l'usine d'Azovstal

"Vlad était assis sur la banquette arrière du véhicule avec son téléphone. L'officier russe a pensé que mon fils le filmait. Ils l'ont fait sortir de la voiture et ont vérifié ses documents. C'est là qu'ils ont compris qui était son père. Je m'en veux parce que je n'ai pas assez préparé mon enfant à ces situations dangereuses", raconte Oleg Buryak.

Le père de famille est le chef de l'administration militaire du district de Zaporijjia. Il ne sait toujours pas où se trouve son fils.

Pas de rançon

Un intermédiaire tente de faire le lien entre le groupe armé qui détient l'adolescent et le père. Oleg Buryak précise que les Russes ne demandent pas d'argent, sinon il aurait payé.

En un mois, Vlad a pu appeler son père à quatre reprises. A chaque fois, ses gardiens le surveillent. Le père tente de décrypter à la voix de son fils ce qu'il est en train d'endurer. Il tente de savoir si son enfant n'est pas torturé.

"La première fois que nous avons pu nous parler, nous avons réussi à plaisanter. Mais maintenant, sa voix est devenue tellement métallique. Il me demande pourquoi nous n'arrivons pas à le ramener à la maison."

"Je n'ai pas le droit de craquer"

Le père raconte cette discipline qu'il s'inflige pour ne pas craquer: le travail jusqu'à l'épuisement. Et ses tentatives, tous azimuts, pour retrouver son fils.

"Je n'ai pas le droit de craquer. Il me faut être capable constamment de garder la tête froide pour être sûr de prendre les bonnes décisions. C'est pour cela que je fais l'impossible pour ne pas me faire déborder par mes émotions", explique Oleg Buryak.

Rien qu'à Marioupol, 200 enfants ont disparu.

Oleg Buryak

Si le père s'interdit de craquer, c'est aussi parce qu'au poste qu'il occupe, il est en charge de retrouver des dizaines d'autres enfants disparus. Dans son malheur, il estime avoir de la chance car il reçoit des signes de vie de son fils.

"Nous sommes en guerre. Plusieurs enfants ont disparu et leurs parents ne savent pas où ils sont et n'ont aucun contact avec eux. Rien qu'à Marioupol, 200 enfants ont disparu."

Appel à la Genève internationale

Si Russes et Ukrainiens échangent régulièrement des prisonniers, Vlad ne rentre dans aucune case. "Il est exclu de la liste d'échange. Ce n'est pas un prisonnier de guerre. Il est mineur, ce n'est pas un combattant. C'est un enfant", lance Oleg Buryak.

Ce père est en contact continu avec les autorités ukrainiennes, débordées. Il a compris qu'il est seul pour trouver le moyen de sortir son fils d'affaire. Il lance un dernier appel. "Dites à la Genève internationale que des enfants sont séquestrés."

Maurine Mercier/gma

Publié Modifié