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Les Etats-Unis s'attaquent à Hikvision, géant chinois de la vidéosurveillance

Des millions de caméras d'Hikvision surveillent l'espace public en Chine. [Reuters - Aly Song]
Les Etats-Unis s'apprêtent à sanctionner lourdement Hikvision / La Matinale / 1 min. / le 5 mai 2022
Le mastodonte chinois de la vidéosurveillance Hikvision est sur le point d’être lourdement sanctionné par les Etats-Unis, selon une information du Financial Times. Cette décision pourrait impacter les quelque 180 pays qui recourent aux technologies avancées de cette entreprise.

Pointée du doigt pour son rôle dans la répression des minorités ethniques en Chine, Hikvision pourrait être la première championne de la tech chinoise à tomber sous le coup de la loi Magnitski, un texte qui punit de manière étendue les individus ou entités responsables de graves violations des droits humains (lire encadré).

Sanctions prévues de longue date

Si la décision se confirme, l’onde de choc serait de taille, car elle se propagerait dans les plus de 180 pays qui recourent aux technologies avancées de vidéosurveillance de Hikvision. Les différentes entités et gouvernements entretenant des liens avec la société risqueraient en effet de violer les sanctions américaines. Selon le Financial Times, l'administration de Joe Biden planche de longue date sur ce projet et aurait déjà prévenu ses nombreux alliés pour préparer le terrain.

Outre ses activités commerciales internationales, Hikvision est une composante importante de l'appareil autoritaire de surveillance de Pékin. Des millions de ses caméras guettent les différents recoins du territoire chinois (lire encadré), en particulier le Xinjiang, où le pouvoir mène une vaste opération de répression contre les minorités musulmanes.

Proximité avec le régime chinois

Certains experts mettent aussi en garde contre le déploiement du matériel Hikvision à l'international, pointant des risques sécuritaires du fait de la proximité de la société avec le régime chinois.

Déjà sanctionnée par les Etats-Unis, l’entreprise n’a plus accès aux composants américains. En l’inscrivant en plus sous la loi Magnitsky, Washington accroîtrait la pression sur ses partenaires.

A noter qu'en Suisse, UBS a déjà fait l’objet d’une plainte pour ses relations commerciales indirectes avec Hikvision, déposée par une ONG.

>> Lire à ce sujet : UBS est accusée de financer une entreprise de vidéosurveillance chinoise

Sujet radio: Michael Peuker
Adaptation web: Vincent Cherpillod

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Une loi adoptée à l'origine contre la Russie

Adoptée par les Etats-Unis en 2012 sous l'administration Obama, la loi Magnitski visait initialement à sanctionner des officiels russes tenus pour responsables de la mort, en 2009, de l'avocat fiscaliste Sergueï Magnitski, qui avait découvert et dénoncé publiquement une gigantesque fraude fiscale mettant en cause plusieurs oligarques proches du pouvoir.

>> Lire à ce sujet : La justice suisse classe une enquête sur le blanchiment de fonds russes

Accusé en retour de fraude fiscale, il est envoyé en prison pendant près d'un an, soit près de la durée maximale de détention sans procès, puis meurt en prison dans des circonstances non élucidées, entre autres en raison de l'absence de soins médicaux prodigués malgré une pancréatite.

En 2016, la portée du texte, qui devient le "Global Magnitsky Act", est élargie et permet au gouvernement américain de pouvoir sanctionner les auteurs de graves violations des droits de l'homme ou de corruption.

Un réseau de 600 millions de caméras en Chine

Hikvision produit des caméras de surveillance traditionnelles, mais développe aussi des caméras dites intelligentes, qui couplent reconnaissance faciale et intelligence artificielle pour permettre la détection automatique d'individus spécifiques, de groupes d'individus, ou encore de comportements jugés problématiques.

Elle est accusée de contribuer aux violations des droits de l'homme au Xinjiang notamment parce qu'elle fait la promotion de caméras qui peuvent reconnaître spécifiquement les minorités ethniques.

Le système de "crédit social" généralisé?

Cette technologie doit notamment permettre au régime chinois de généraliser son système de "crédit social", un système qui note, récompense ou pénalise les habitants et les entreprises selon leur degré de respect des règles et des valeurs de la société chinoise.

Présenté comme un moyen de lutter contre les incivilités et d'accroître la confiance de la population envers la société, le "crédit social" est régulièrement accusé d'être avant tout un instrument politique destiné à prévenir les troubles et les dissidences politiques.

>> Plus de détails dans notre article : La Chine veut noter tous ses habitants et installe 600 millions de caméras