Un siècle après sa création, l'Irlande du Nord pourrait vivre un basculement spectaculaire avec la possible victoire des nationalistes du Sinn Fein aux élections locales. Les unionistes, majoritairement protestants et viscéralement attachés à leur maintien au sein du Royaume-Uni, ont quasiment toujours été le principal parti depuis 1921.
Mais les sondages publiés avant le renouvellement de l'Assemblée locale siégeant à Belfast donnaient une victoire du Sinn Fein, autrefois vitrine politique des paramilitaires de l'IRA (armée républicaine irlandaise), avec six ou sept points d'avance sur les unionistes du DUP.
Si ce résultat se concrétise dans les urnes, le parti républicain de gauche prendra le poste de Premier ministre.
Mais le DUP acceptera-t-il de prendre celui de vice-Premier ministre et de permettre à l'exécutif local (actuellement paralysé) de fonctionner? Car, comme le prévoit la gouvernance partagée par l'accord du Vendredi saint de 1998 qui a mis fin à trois décennies de conflit sanglant, l'un ne peut pas fonctionner sans l'autre.
L'unité irlandaise comme solution au Brexit
A Newry, près de la frontière avec l'Irlande, une pancarte du Sinn Fein proclame que "l'unité irlandaise" est "la solution au Brexit".
La sortie du Royaume-Uni de l'UE, contre laquelle les Nord-Irlandais avaient majoritairement voté, a entraîné dans son sillage "un changement sismique dans la société", a récemment déclaré la vice-présidente du Sinn Fein, Michelle O'Neil.
Le parti a toutefois tempéré, durant la campagne, la perspective d'une Irlande unie dans un avenir proche. Il craignait un effet repoussoir auprès de l'électorat centriste et des unionistes modérés, plus soucieux de sujets comme la santé, l'éducation ou le coût de la vie.
L'accord du Vendredi saint prévoit que soit organisé un référendum sur toute l'île sur sa réunification en cas de soutien populaire en ce sens. Mais la manière de jauger ce soutien n'a été définie à dessein que de manière vague, si bien que la lecture d'une éventuelle victoire du Sinn Fein reste incertaine à cet égard.
Le poids du "Partygate" pour les conservateurs
L'élection des conseils locaux est aussi le premier scrutin au Royaume-Uni depuis la litanie de révélations sur des fêtes tenues au 10 Downing Street, la résidence du chef du gouvernement, pendant les confinements liés à l'épidémie de Covid-19 ("Partygate").
Un score médiocre pour le parti conservateur accentuerait la pression sur Boris Johnson, qui doit faire face à trois enquêtes et à de nouvelles amendes potentielles en raison de sa participation à d'autres rassemblements durant les confinements.
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oang avec afp