De plus en plus de civils et de soldats touchés par des souffrances psychologiques en Ukraine
Des centaines de personnes sont actuellement soignées à Dnipro, la troisième ville du pays, dans le plus grand hôpital psychiatrique de la région, a constaté la RTS sur place.
Et alors qu'il existe trois hôpitaux comme celui-ci en Ukraine, ils manquent tous de médecins pour répondre à la détresse de ceux qui fuient la guerre.
Les enfants très atteints
A Dnipro, Nadya et ses deux jeunes garçons, réfugiés de la région de Lougansk, sont suivis pour des traumatismes causés par les bombardements. "C'était très difficile, nous avons laissé notre vie de fermiers derrière nous, nos animaux ont été tués par les missiles", explique-t-elle en pleurant vendredi dans le 19h30.
Et d'ajouter: "Je voulais rentrer chez moi mais j'ai parlé à mes voisins, ils n'ont pas eu la possibilité de partir, ils n'avaient pas d'endroit où aller. Notre village a entièrement été détruit, seules huit personnes vivent encore là-bas".
Les enfants ont des difficultés à dormir, des troubles du comportement, de la parole et de la pensée
De son côté, la psychiatre Larysa Chudakova précise: "Les enfants ont des difficultés à dormir, des troubles du comportement, de la parole et de la pensée. Parfois, ils se comportent comme des autistes et ne veulent pas entrer en contact. Je ne dois pas tout de suite leur parler de la guerre, ils ont besoin de temps. C'est une telle tragédie. Jamais je n'aurais pensé travailler en temps de guerre. Comme le disait ma propre grand-mère, nous pouvons tout supporter sauf la guerre."
Les combattants aussi touchés
L'hôpital accueille également une autre catégorie de patients: les combattants. Ceux-ci sont toujours plus nombreux, touchés par le syndrome de stress post-traumatique. Un sujet tabou dans ce pays qui compte sur tous les hommes valides pour se battre.
Serhiy, major, a passé 33 ans dans l'armée ukrainienne, dont plusieurs dans le Donbass. "Après une attaque, j'ai commencé à avoir des problèmes pour dormir et des maux de tête et je me suis retrouvé là à suivre un traitement pour mieux repartir et retrouver mon unité. Je me sens bien maintenant."
"Malheureusement tous les soldats ne comprennent pas pourquoi ils sont là, ils se demandent pourquoi ils sont obligés de suivre une thérapie", relève Larysa Zakharova, une autre psychiatre.
Tous les lits sont pourtant occupés et de l'aveu même des soldats, parmi leurs frères d'armes, nombreux sont ceux qui préfèrent taire leur dépression pour continuer à se battre coûte que coûte.
Annabelle Durand/lan