Des millions de Pékinois travaillaient à domicile lundi à la suite d'un nouveau tour de vis des mesures anti-Covid-19. Ces dernières donnent à la capitale chinoise de 22 millions d'habitants des allures de ville fantôme.
Pékin fait à son tour et depuis une semaine l'objet de restrictions aux déplacements et de nombreux lieux publics (restaurants, cafés, salles de sport, gymnases) sont fermés. Les autorités ont limité strictement l'accès aux services non essentiels dans le district de Chaoyang, le plus actif et le plus peuplé de la capitale, où certaines entreprises doivent limiter à 5% leur effectif normal. Résultat: le quartier commercial très animé de Sanlitun, dans l'est de Pékin, était désert lundi matin.
Les autorités de Shanghai, ville la plus peuplée du pays, ont lancé de leur côté une nouvelle campagne pour mettre fin aux infections en dehors des zones de quarantaine d'ici la fin du mois de mai. Elles enregistrent actuellement quelque 4000 cas quotidiens, loin des 27'000 cas recensés lors du pic de mi-avril.
Mais elles ont beaucoup de difficulté à faire descendre le nombre de cas en dessous de ce seuil et ont recours de plus en plus à des stratégies coup de poing, comme l'a expliqué dimanche dans Forum le correspondant de la RTS à Shanghai Michael Peuker.
"La population est excédée, fatiguée"
"La dernière décision en date est d'isoler l'entier des résidents d'un bâtiment où un cas positif a été détecté, ils sont tous envoyés en quarantaine centralisée", a-t-il expliqué. "Cela tend à faire monter encore les tensions au sein de la population, il y a beaucoup de bagarres, des officiels sanitaires sont pris à partie dans la rue lors des tests quotidiens. La population est excédée, fatiguée".
Le pouvoir chinois ne semble pourtant pas encore en danger face à la grogne qui monte. "La crise est contenue pour l'instant à Shanghai et les autorités chinoises ont mis en place toute une série de pare-feu, souligne Michael Peuker. "Elles blâment les autorités locales sur lesquelles elles rejettent la faute (…) Pour le reste du pays, Shanghai est la mauvaise élève, et il faut bloquer la ville pour protéger le reste du pays".
Une quarantaine de villes sous cloche
La Chine est confrontée depuis deux mois à sa pire vague épidémique depuis la flambée initiale du début 2020. Même si les chiffres de contamination restent minimes à l'échelle mondiale, les autorités appliquent strictement leur politique du zéro Covid et confinent des villes entières dès l'apparition de quelques cas. Elles sont une quarantaine aujourd'hui dans cette situation.
Le total des décès dus au Covid-19 en Chine dépasse à peine 5000 officiellement depuis le début de la pandémie.
oang avec les agences
Exportations chinoises au ralenti
Les exportations de la Chine ont connu en avril un tassement inédit depuis 2020, sur fond de confinement de Shanghai, qui pénalise lourdement l'activité, et de durcissement des restrictions sanitaires à Pékin.
Les restrictions mettent à rude épreuve les chaînes d'approvisionnement. Résultat: la Chine a dévoilé lundi des chiffres du commerce en demi-teinte pour avril.
Le mois dernier, les exportations ont progressé à leur rythme le plus faible depuis près de deux ans (+3,9%). Il s'agit de leur pire performance depuis juin 2020 (+0,5%).
>> Lire : La politique zéro Covid menace la croissance de l'économie chinoise