Depuis une semaine au moins, il ne se passe plus un jour à New York sans une manifestation pour le droit à l'avortement. Les manifestants ont d'ailleurs reçu un soutient hautement symbolique, celui de Letitia James, procureure générale de l'Etat de New York.
"Je ne laisserai ni le juge Alito, ni aucun juge de la Cour suprême me dicter à moi ou à vous, ce qu'on peut faire de nos corps!"
Devant la foule, Letitia James raconte avoir eu recours à l'avortement il y a plusieurs années, comme de nombreuses Américaines. Elle estime scandaleux les projets de décision de la Cour suprême et s'engage à protéger ce droit à New York.
"Que les gens sachent que New York est un Etat où l'accès à l'avortement est une liberté fondamentale et que nous ne laisserons pas la Cour suprême piétiner ce droit. Je veux aussi dire à celles qui sont dans ces Etats conservateurs que New York est là pour vous!"
Le droit à l'avortement dans la loi new-yorkaise
Si la procureure générale fait une telle promesse, c'est parce que New York a inscrit le droit à l'avortement dans ses lois en 2019. Les avortements sont possibles jusqu'à la 24ème semaine de grossesse, alors que de nombreux Etats républicains ont réduit ce délai à moins de 6 semaines. Un fonds d'aide vient d'ailleurs d'être mis en place pour permettre aux femmes qui en ont besoin de financer leur procédure.
Des mesures dont certaines manifestantes se disent très fières. "Les militants anti-avortement disent que New York est la capitale américaine de l'avortement, et je sais qu'ils le disent comme une insulte. Mais si New York est une ville où tous ceux qui ont besoin de soins y ont accès, c'est qu'on fait les choses bien, ici", explique l'une d'entre elles.
16'000 femmes par an à New York pour avorter
Résultat de cette situation, de plus en plus de femmes arrivent dans la grande ville de la côte est pour avorter. Selon une étude de l'Université de Buffalo, elles seraient près de 16'000 à faire ce choix chaque année. Merle Hoffman est désormais habituée à ce cas de figure. Sa clinique, Women Choices, est l'un des plus vieux établissements pour avortement du pays.
Face à l'augmentation des patientes venant d'autres Etats, elle a même créé un poste spécial pour gérer ces dossiers. Mais la situation l'inquiète beaucoup. D'après elle, l'éventuelle décision de la Cour suprême serait un retour en arrière dramatique.
"Les femmes ne vont pas arrêter de faire des avortements. Si cela redevient illégal, elles vont juste se faire massacrer en secret et mourir. Que va-t-on faire? Aller au Mexique ou en Colombie, où ils viennent de légaliser l'avortement? Vous imaginez ça!?", conclut-elle.
Loubna Anaki/ther
Des entreprises prennent position
Après avoir soigneusement évité ce sujet tabou durant des décennies, de plus en plus d'entreprises américaines prennent position sur le droit à l'avortement, signe de l'émergence d'une nouvelle génération aux attentes différentes.
Comme le célèbre fabricant de jeans Levi's, Apple s'est engagé à couvrir les frais engagés par ses salariées qui devraient se déplacer dans un autre Etat pour pratiquer une interruption volontaire de grossesse (IVG).
Depuis l'entrée en vigueur en septembre, au Texas, d'une nouvelle loi ramenant à six semaines le délai pour procéder à une IVG, le tabou se lézarde et Amazon, Uber ou même la banque Citigroup ont tous annoncé prendre en charge les coûts supplémentaires que ce texte peut induire pour leurs employées.
Selon le New York Times, Tesla, qui vient de déplacer son siège de Californie au Texas, s'est engagé à rembourser ces dépenses.