"Le gouvernement a décidé aujourd'hui de procéder à un changement à la direction du CNI" (Centre national du renseignement), a annoncé la ministre de la Défense espagnole Margarita Robles à l'issue du conseil des ministres.
Il y a eu "des défaillances" et "des erreurs" dans la gestion de cette affaire par le CNI, même si celui-ci a agi "conformément à la loi", a-t-elle ajouté.
Victime désignée du scandale
Première femme nommée (en 2020) à la tête du CNI, Paz Esteban apparaissait depuis plusieurs jours comme la victime désignée de ce scandale d'espionnage qui a provoqué une crise entre les indépendantistes et le gouvernement, menaçant la survie de ce dernier.
Agée de 64 ans, cette diplômée en philosophie et en lettres travaillait depuis près de 40 ans au CNI. Elle sera remplacée par Esperanza Casteleiro Llamazares, actuelle numéro deux de Margarita Robles au ministère de la Défense.
Questionnée jeudi par une commission parlementaire, Paz Esteban avait reconnu que 18 indépendantistes catalans avaient fait l'objet d'écoutes de la part du CNI, mais toujours avec le feu vert de la justice. Parmi eux figurait l'actuel président régional, Pere Aragonés, alors qu'il était vice-président.
Le gouvernement régional catalan a jugé que le limogeage de Margarita Esteban n'était "pas suffisant" et a réclamé "des explications convaincantes" pour savoir "qui a ordonné" et "qui a permis" ces écoutes et "qui était au courant".
L'exécutif pas informé des écoutes
Préparant le terrain à l'éviction de la cheffe du renseignement, des sources gouvernementales citées dans les médias assuraient depuis plusieurs jours que l'exécutif n'avait pas été informé de ces écoutes, en dépit du caractère extrêmement sensible de la question catalane.
Ce scandale agite l'Espagne depuis la publication, le 18 avril, d'un rapport de l'organisation canadienne Citizen Lab assurant avoir identifié plus de 60 personnes de la mouvance séparatiste dont les portables auraient été piratés entre 2017 et 2020 par le logiciel Pegasus.
Mais elle a pris une tout autre ampleur avec l'annonce le 2 mai par le gouvernement que Pedro Sanchez et Margarita Robles avaient eux-mêmes été espionnés en mai et juin 2021 via ce même logiciel créé par la société israélienne NSO, dans le cadre d'une "attaque externe".
afp/oang