Les vacances de printemps ont-elles été la répétition générale d'un chaos d'encore plus grande ampleur? Les témoignages se sont multipliés ces dernières semaines sur l'engorgement d'aéroports en Europe, qui comme l'Amérique du Nord et contrairement à l'Asie a annulé la plupart des restrictions de déplacement liées au Covid-19.
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Les images d'une foule entassée dans les aéroports en avril ont marqué les esprits, notamment à Amsterdam-Schiphol. Mais qu'est-ce qui coince exactement? De la pénurie de personnel à des touristes revanchards, plusieurs facteurs font trembler le secteur aérien - et les voyageurs - à l'approche de l'été.
- Reprise soudaine -
Après deux ans de pandémie de Covid-19, le monde de l'aviation commerciale semble avoir été pris de court par la reprise soudaine de l'activité.
"On voit une nette hausse du trafic. Beaucoup de pays ont enlevé leurs restrictions un peu plus rapidement qu'on aurait pu le penser en début d'année", explique Marie Owens Thomsen, économiste en chef de l'Association internationale du transport aérien (Iata), dans l'émission Tout un monde.
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L'écosystème d'un aéroport est constitué de chaînes d'activités très dépendantes les unes des autres. Quand tout reprend d'un coup, il suffit que le personnel au sol soit en grève partielle - comme à Amsterdam-Schiphol - pour que l'engorgement soit immédiat.
"Quand un système se remet en place, il y a toujours la possibilité d'effets d'entraînement. Quand un avion est retardé, d'autres avions sont retardés. Il peut aussi s'y ajouter un épisode de mauvais temps. Et là, c'est le chaos", indique Richard Aboulafia, vice-président de Teal group et consultant aéronautique à Washington.
- Soif d'ailleurs -
Le secteur aérien est confronté à une hausse fulgurante de la demande. L'appétit de voyages réfréné pendant deux ans s'est enfin libéré et les voyageurs encombrent les aéroports. Eurocontrol a compté fin avril un nombre de vols équivalant à 83% du niveau de la même période de 2019, malgré la guerre en Ukraine, le choc pétrolier et l'inflation. Pour l'été, l'organisme de surveillance du trafic aérien européen prévoit jusqu'à 95% du niveau de 2019, tandis que les compagnies signalent des réservations massives.
Si le prix du carburant continue de grimper, les envies de voyages pourraient se calmer. Mais ce n'est pas pour tout de suite, selon Paul Chiambaretto, professeur de stratégie et marketing à la Business School de Montpellier.
Après la pandémie, on observe un phénomène de 'revenge travel'
"La demande est très sensible aux variations de prix. Les passagers vont choisir une compagnie aérienne parce que c'est la moins chère. Pour autant, on est dans une période particulière. On sort de deux années de crise dans lesquelles un certain nombre de personnes n'ont pas pu voyager. A l'été 2021, on a observé un phénomène de 'revenge travel', le fait de se venger en voyageant. On observera aussi ça très probablement cet été", déclare l'expert.
- Manque de personnel -
Les aéroports ne semblent plus dimensionnés pour faire face à la hausse des voyageurs. Après avoir réduit massivement leur personnel, compagnies et aéroports doivent aujourd'hui réembaucher.
"Le défi dans l'immédiat est de gérer la hausse soudaine du trafic, étant donné que la pandémie a eu pour effet d'énormément réduire les ressources des aéroports et de la manutention au sol", a reconnu récemment Olivier Jankovec, le directeur général d'ACI Europe, principale association des aéroports européens.
"Il s'agit maintenant de réembaucher, dans un marché du travail très tendu dans toute l'Europe", a ajouté Olivier Jankovec, en soulignant qu'"il était impossible d'effectuer des ajustements du jour au lendemain étant donné les processus d'accréditation de sécurité et les délais nécessaires à la formation", qui peuvent atteindre jusqu'à 16 semaines.
Les compagnies doivent trouver des pilotes et du personnel navigant. Les aéroports recherchent des agents de sécurité. La pénurie de personnel a notamment poussé Easyjet à réduire le nombre de passagers par avion.
- Passeports et visas -
Alors que les aéroports et les compagnies font face à plusieurs difficultés, les voyageurs doivent eux aussi s'attendre à des complications avant d'arriver à destination. Outre les longues files d'attente promises, la question du visa et du passeport pourrait poser problème.
"Côté voyageurs, on voit qu'obtenir des visas ou des passeports prend plus de temps qu'avant la crise du Covid", indique Marie Owens Thomsen.
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Actuellement, les délais d'attente pour un renouvellement de passeport battent des records en Suisse. Selon les cantons, il faut patienter plusieurs mois, comme à Genève, où 10 semaines sont nécessaires avant d'avoir un rendez-vous.
Il faudra donc se dépêcher pour obtenir un passeport à temps. Un stress supplémentaire pour les touristes, à l'approche de l'été.
gma/fa avec afp