Des images retransmises par des télévisions locales montrent le cercueil de la reporter de la télévision du Qatar Al Jazeera, tuée mercredi lors d'un raid israélien en Cisjordanie occupée, manquer de tomber au sol alors que des policiers israéliens dispersent la foule.
Les forces israéliennes ont fait irruption dans l'enceinte de l'hôpital Saint-Joseph à Jérusalem-Est, secteur palestinien de la ville occupé et annexé par l'Etat hébreu. "Si vous n'arrêtez pas ces chants nationalistes, nous devrons vous disperser en utilisant la force et nous empêcherons les funérailles d'avoir lieu", a déclaré dans une mégaphone un policier israélien en direction de la foule, selon une vidéo diffusée par la police.
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Objets jetés sur la police
D'après un communiqué de la police, des "émeutiers ont empêché les membres de la famille de charger le cercueil dans un corbillard pour se rendre au cimetière, comme convenu avec la famille (...) La foule a refusé de remettre le cercueil dans le corbillard et la police est intervenue pour l'empêcher de le prendre. Durant l'émeute déclenchée par la foule, des bouteilles en verre et d'autres objets ont été jetés".
"De brutales forces spéciales israéliennes attaquent le cortège funèbre de Shireen Abou Akleh sortant de l'hôpital Saint-Joseph", a dénoncé sur Twitter Hanane Achraoui, une ancienne ténor de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). "L'inhumanité d'Israël s'affiche en grand", a-t-elle affirmé.
Le cercueil de Shireen Abu Akleh a finalement été transporté vers la Vieille Ville où est célébrée une messe dans une église, avant l'inhumation dans un cimetière à proximité.
Vague d'émotion en Palestine
Le décès de cette reporter, icône du journalisme palestinien, a suscité une vague d'émotion dans les Territoires palestiniens, dans le monde arabe où ses reportages ont été suivis pendant plus de deux décennies, en Europe et aux Etats-Unis.
Palestinienne chrétienne âgée de 51 ans et ayant aussi la nationalité américaine, la journaliste a été tuée d'une balle dans la tête alors qu'elle couvrait une opération israélienne dans le camp de réfugiés palestiniens de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël.
Israël, après avoir dit qu'elle avait "probablement" succombé à un tir palestinien, a affirmé ne pas écarter que la balle ait été tirée par ses soldats. L'Autorité palestinienne, Al Jazeera et le gouvernement qatari ont accusé l'armée israélienne de l'avoir tuée.
afp/hkr
Réactions outrées
"Nous avons été profondément troublés par les images de l'intrusion de la police israélienne au sein du cortège funéraire", a dit le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken.
L'Union européenne a condamné "l'usage disproportionné de la force et le comportement irrespectueux de la police israélienne à l'encontre des participants au cortège funèbre".
La représentation française à Jérusalem a jugé "profondément choquantes" les "violences policières", alors que le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'est dit "profondément troublé".
La mort de la journaliste a suscité une déclaration unanime du Conseil de sécurité de l'ONU, qui l'a "fermement condamnée". Initiée par les Etats-Unis, cette très rare position unanime du Conseil de sécurité sur un sujet concernant Israël réclame aussi "une enquête immédiate, approfondie, transparente et impartiale".