Dans un contexte de réchauffement climatique qui accentue la fréquence, la durée et l'intensité des sécheresses, deux-tiers de la France connaissent déjà des sols "secs à très secs" en raison d'un "manque quasi continu de pluie depuis septembre", selon Météo-France.
Le pays accuse ainsi un déficit de précipitations de 20% entre septembre et avril. Et, il a très peu plu depuis le début du printemps, avec un déficit mensuel de précipitations de "30% à 40% en février et en mars, et 25% en avril", selon un point de situation posté sur son site.
Une situation qui "aura un impact sur la production de céréales", notamment le blé, a prévenu il y a quelques jours le ministère de l'Agriculture, sans pouvoir donner d'évaluation précise.
Certaines régions très touchées
Certaines régions sont plus touchées que d'autres. Ainsi, entre septembre et avril, les déficits de pluie dépassent 20% dans le Grand-Est (27%), dans le nord de la Nouvelle-Aquitaine (33%), en Bretagne (25%), dans l'est de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur (30% sur l'ensemble de PACA) et en Corse (22%).
Ces trois derniers mois, les sols sont restés extrêmement secs pour la saison en PACA, en Corse, dans le Massif Central, une partie de la Bourgogne, du Grand-Est et des Hauts-de-France, une "situation se produisant en moyenne une année sur 25", note Météo-France.
Selon le site officiel Propluvia, 15 départements, notamment en Bretagne et en PACA, ont déjà mis en place des restrictions d'eau.
Pas inédit, mais inquiétant
Même si ce déficit pluviométrique n'est pas inédit (comparable à 2018-2019), il inquiète déjà le monde agricole alors que la sécheresse des sols risque de s'aggraver avec les températures élevées.
La France vit en effet une période de chaleur pas exceptionnelle mais "remarquable si tôt dans l'année", avec un thermomètre qui a dépassé les 30 degrés par endroits mercredi, une chaleur qui devrait se poursuivre jusqu'en milieu de semaine prochaine.
Et "le scénario le plus probable" (50% de probabilité) pour l'été est la "poursuite des conditions plus sèches et plus chaudes que la normale" en général, selon Météo-France.
Nappes phréatiques sous pression
Ce qui pourrait dégrader encore plus les nappes phréatiques qui ont commencé leur vidange dès janvier-février, avec "deux à trois mois d'avance", selon le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM).
"Les sols étant secs sur une grande partie de la France, les campagnes d'irrigation ont commencé tôt cette année et devraient se poursuivre en mai. Cette sollicitation des nappes va engendrer une baisse plus rapide des niveaux", met en garde Violaine Bault, hydrogéologue au BRGM.
"La situation des nappes pourrait alors se dégrader rapidement sur les secteurs fortement sollicités par les prélèvements pour l'irrigation", a-t-elle ajouté, notant que pour l'instant la situation n'est pas exceptionnelle.
Après une dégradation "rapide" à partir de février, les niveaux des nappes phréatiques sont "généralement en baisse" au 1er mai, à part dans quelques secteurs particulièrement arrosés du sud-ouest, d'Occitanie ou de Corse, selon le bulletin mensuel du BRGM publié jeudi.
Et, la situation est "particulièrement préoccupante, avec des niveaux bas à très bas localement, sur les nappes entre Vendée, Maine et Touraine ainsi que sur les nappes de la Côte d'Azur, de Provence et du sud de la Drôme".
Les pluies d'avril ne se sont que peu infiltrées dans les nappes en raison de la hausse des températures et de l'évapotranspiration, et même s'il pleuvait dans les mois qui viennent, l'impact sur les nappes devrait être limité.
Assèchement des sols
La France a connu des épisodes de sécheresse importants dans les dernières décennies (1976, 1989, 2003, 2011...) mais l'assèchement des sols constaté depuis le début du siècle s'accentue avec le réchauffement de la planète.
Les épisodes de sécheresse sont plus intenses et plus longs, et la proportion du territoire touchée plus importante, de 5% dans les années 1960 à 10% sur les années récentes.
afp/cab