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Malaise à Grenoble avant un vote sur la légalisation du burkini dans les piscines

La ville française de Grenoble s'apprête à modifier la réglementation des piscines pour notamment autoriser le burkini. [keystone - Rolf Haid]
L’autorisation du burkini fait débat à la municipalité de Grenoble / Le 12h30 / 1 min. / le 16 mai 2022
La ville française de Grenoble s'apprête à modifier la réglementation des piscines pour notamment autoriser le burkini. Cette décision ne passe toutefois pas auprès d'une grande partie de la classe politique et du ministère de l'Intérieur, qui souhaite la faire bloquer au nom de la loi sur le séparatisme.

Ce thème explosif, qui défraye la chronique depuis déjà plusieurs semaines, figure sobrement sous l'intitulé "Conditions et tarifs d'accès aux piscines municipales" dans l'ordre du jour du conseil municipal prévu ce lundi à partir de 15 heures. La réunion, qui sera fermée au public mais retransmise en direct, s'annonce électrique, avec des manifestations à Grenoble et une polémique attisée par les prises de position politiques.

Autant le burkini que les seins nus

Le maire écologique Eric Piolle n'a de cesse de répéter que le burkini est un "non-sujet" et que la modification du règlement intérieur des piscines municipales ne vise qu'à "lever les interdits vestimentaires aberrants" et à aller à l'encontre "des injonctions sur le corps des femmes". L’écologiste veut d'ailleurs autoriser autant le burkini que les seins nus.

Il a reçu le soutien d'une centaine de personnalités dont des féministes comme Caroline De Haas ou Alice Coffin qui estiment dans une récente tribune que "personne ne doit être stigmatisé jusque dans les bassins en raison de son choix de maillot".

Mais pour ses opposants, notamment la droite qui dénonce une soumission à l'islamisme, le burkini constitue un symbole flagrant d'oppression de la femme et s'apparente au voile intégral que les talibans viennent de réimposer à la gent féminine en Afghanistan. C’est le président de la région Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, qui est le plus véhément, menaçant de supprimer les subventions à la ville de Grenoble si le burkini est autorisé.

Pour autant, des critiques se font aussi entendre au sein de la gauche laïque. La position d’Eric Piolle ne fait pas l'unanimité dans sa propre majorité. Un tiers des élus écologistes pourraient voter contre le nouveau règlement.

La controverse divise jusqu'au mouvement féministe lui-même. Les deux camps affirment défendre l’émancipation des femmes. Les uns s’inquiètent de ces nouvelles pratiques religieuses en France qu’ils voient comme une régression. Les autres considèrent que le libre choix des femmes doit primer avant tout.

Tempête politique

En quelques semaines, et alors qu'approchent les élections législatives, le débat sur le burkini a viré à la tempête politique, les deux camps s'affrontant à coups de tribunes, pétitions et prises de position musclées.

La large coalition de gauche que dirige le maire apparaît elle-même divisée, ce qui pourrait laisser augurer un vote plus serré que prévu parmi les 59 élus: aux voix des 14 conseillers d'opposition s'ajouteraient 13 votes d'élus de la majorité opposés à la mesure, qu'ils jugent porteuse de "risques d'aggravation de la fragmentation sociale", selon le quotidien régional le Dauphiné Libéré.

Le débat sur le burkini revient presque chaque été en France. Les municipalités édictent leur propre règlement pour les piscines et avancent souvent l'argument de l'hygiène. Des arrêtés locaux ont même prohibé le burkini sur certaines plages, des interdictions annulées ensuite par la justice.

Sujet radio: Alexandre Habay

Adaptation pour le web: fgn avec les agences

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