"Le Président de la République a nommé Mme Elisabeth Borne Première ministre et l'a chargée de former un gouvernement", a déclaré la présidence française dans un communiqué. "C'est le choix de la compétence au service de la France, d'une femme de conviction, d'action et de réalisation", a ajouté l'Elysée.
Réélu le 24 avril pour un second mandat de cinq ans, Emmanuel Macron avait assuré il y a une semaine qu'il connaissait déjà le nom de son prochain Premier ministre, sans dévoiler son identité. Il avait juste indiqué qu'il serait doté d'un profil "social", "écologique" et "productif".
Mais après un week-end dominé par les noms de plusieurs anciennes ministres, celui de la ministre du Travail bruissait plus fort que les autres.
"Agir plus vite et plus fort" pour le climat
Lors d'une cérémonie de passation de pouvoirs à Matignon en début de soirée, et après avoir rendu un hommage appuyé à son prédécesseur, Elisabeth Borne a fixé sa priorité: "agir plus vite et plus fort" pour le climat.
Face "au défi climatique et écologique (…), je suis convaincue que nous pourrons le faire en associant encore davantage les forces vives de notre territoire, parce que c'est bien au plus près des Français qu'on trouvera les bonnes réponses", a lancé la nouvelle Première ministre.
Dans un message sur Twitter, Emmanuel Macron a énuméré les priorités qu'il attendait de la nouvelle cheffe du gouvernement:
Une technicienne tenace et loyale
Technicienne tenace, jugée loyale, Elisabeth Borne est perçue par le pouvoir comme ayant fait ses preuves au gouvernement pendant tout le dernier quinquennat, des Transports au Travail en passant par l'Ecologie.
Outre l'avantage d'être une femme, cette ancienne directrice de cabinet de Ségolène Royal a également le mérite d'appartenir à l'aile gauche de la "macronie", un atout à l'heure où s'annoncent de nouvelles réformes sociales, à commencer par "la mère des batailles" sur les retraites.
Avant même de connaître le nom de la nouvelle Première ministre, Edith Cresson avait souhaité il y a quelques jours "beaucoup de courage" à une cheffe de gouvernement au sein d'une classe politique "machiste".
La socialiste était la seule jusqu'ici à avoir occupé le poste (1991-1992), sous la présidence de François Mitterrand.
Jean Castex évasif sur son avenir
La lettre du chef du gouvernement sortant, "très simple, très classique", comme il l'a confié au quotidien Le Parisien, a été remise en main propre à Emmanuel Macron pour signifier sa démission et celle de son gouvernement.
Jean Castex a dit au journal quitter Matignon "sans remords, ni regret", tout en restant évasif sur son avenir. "Je vais retourner dans mes Pyrénées, il faut que je repeigne mes volets et ma rambarde", a sobrement répondu l’ancien maire de Prades (Pyrénées-Orientales).
Lors de son premier mandat, Emmanuel Macron avait surpris les observateurs, en nommant à Matignon Edouard Philippe puis Jean Castex, deux élus sans aucune expérience gouvernementale.
afp/oang
Sévères critiques de l'extrême gauche et de l'extrême droite
La nouvelle Première ministre est "parmi les figures les plus dures de la maltraitance sociale" dans la macronie, a dénoncé Jean-Luc Mélenchon, qui espère être nommé à Matignon si la Nouvelle union de la gauche (Nupes) remporte les législatives de juin.
"Sa nomination commence par une tentative de tromperie, Mme Borne serait une femme de gauche", mais "nous ne lui accordons pas ce label", a affirmé le tribun de la gauche radicale dans une déclaration à la presse.
Pour le communiste Fabien Roussel, qui s'est exprimé sur Twitter, Emmanuel Macron a trouvé "sa Mme Thatcher", référence à la Première ministre du Royaume-Uni (1979-1990), qui imposa des réformes économiques radicales d'une main de fer.
Tout à droite de l'échiquier politique, l'ancienne candidate du Rassemblement National (RN) à la présidentielle Marine Le Pen a dénoncé la "poursuite de la politique de mépris, de déconstruction de l'Etat, de saccage social" d'Emmanuel Macron avec la nomination d'Elisabeth Borne comme "Premier ministre" (sic).
Jean Castex, un chef de gouvernement "des territoires"
Jean Castex, qui s'était auto-proclamé "Premier ministre de l'intendance", a multiplié les déplacements à travers la France pendant son mandat.
Il en a réalisé 350 en 22 mois, imprimant l'image d'un chef de gouvernement "des territoires", soucieux de la promotion de l'exécution des réformes, quitte à passer complètement sous les radars au plan national.