Une douzaine de pays imposent des embargos d'exportation sur leurs denrées alimentaires
Cette semaine, le cours du blé a atteint un record absolu. La faute à la décision de l'Inde d'interdire ses exportations pour sécuriser son propre approvisionnement, au risque d'aggraver encore la crise alimentaire qui menace.
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Mais l'Inde n'est pas seule à adopter cette politique de protection d'intérêts nationaux. Depuis le début du conflit en Ukraine, plus d'une douzaine de pays ont mis en place des embargos à l'exportation sur des matières premières agricoles.
D'autres pays pratiquent l'embargo
En avril, l'Indonésie, premier producteur mondial d'huile de palme, a bloqué toutes les exportations d'huiles végétales. La Serbie, la Hongrie, la Roumanie, le Kazakhstan, la Turquie, l'Argentine et la Biélorussie ont tous limité leurs exportations céréalières. D'autres pays, comme le Maroc, interdisent l'exportation de certains fruits et légumes.
Pour les pays qui les appliquent, ces embargos doivent servir à lutter contre l'envolée des prix et à couvrir les besoins de leur propre population - une population qui pourrait, comme on l'a vu en Indonésie, manifester violemment contre les pénuries. Les manifestations contre l'envolée du prix du pain en Iran ou au Soudan sont d'autres exemples notables.
Le cercle vicieux de l'inflation et de la spéculation
Malheureusement, ces comportements économiques créent un énorme choc sur le système mondialisé d'échanges agricoles. Ils engendrent une spirale d'inflation et de pauvreté.
Chacun cherchant à s'assurer une quantité suffisante de blé ou d'autres produits agricoles, les prix montent en flèche. La flambée des prix attire la spéculation financière, une spéculation qui attise elle-même en retour la flambée des prix.
Une situation qui pourrait s'aggraver
Mais les pénuries alimentaires pourraient s'aggraver encore par le fait que les gros producteurs d'engrais, notamment la Russie et la Chine, ont cessé leurs exportations, au risque de compromettre les cultures dans les pays qu'ils avaient l'habitude d'approvisionner.
Katja Schaer/furr
Le climat inquiète les producteurs et productrices de blé suisse
L'été passé, les récoltes ont été catastrophiques pour les agriculteurs et agricultrices du Gros-de-Vaud, le grenier céréalier de la Suisse. Cette année, à deux mois des moissons, les producteurs retiennent leur souffle.
Actuellement, les champs sont sains. En effet, les maladies ont été freinées par le peu de pluie et les agriculteurs peuvent s'attendre à une bonne récolte. Mais s'il ne pleut pas dans les prochains jours, les parcelles commenceront à souffrir et cela affectera le rendement. Le nord de l'Europe est déjà touché par une sécheresse extrêmement précoce. L'Allemagne ou la France, par exemple, diminuent leurs rendements céréaliers.
Même si la situation est inquiétante au niveau mondial, la Suisse est peu dépendante des importations pour les céréales destinés au pain et à la farine. Le taux d'auto-approvisionnement est au dessus de 90%.
Foued Boukari/jj