Il avait encore droit à plusieurs bureaux à la chambre des députés et à un budget pour du personnel. Un privilège qui coûte 400'000 euros par an aux contribuables.
La commission budgétaire du Bundestag, la chambre basse du Parlement allemand, a voté jeudi une résolution proposée par la coalition au pouvoir pour priver l'ex-dirigeant social-démocrate (1998-2005) de ces avantages.
"Les groupes parlementaires de la coalition ont tiré les conséquences du comportement de l'ancien chancelier et lobbyiste Gerhard Schröder face à l'invasion russe en Ukraine", indique la commission budgétaire. La coalition au pouvoir justifie aussi cette décision par le fait que "l'ancien chancelier Schröder n'assume plus aucune obligation continue liée à sa fonction".
Il ne perd pas tout
L'ancien dirigeant social-démocrate, âgé de 77 ans et lâché ces derniers mois par une partie de ses collaborateurs, conserve cependant sa protection policière et sa pension de retraite d'ex-chancelier (1998-2005).
Plus globalement, la commission budgétaire demande au gouvernement de veiller désormais à ce "que la dotation de fonction des anciens chanceliers fédéraux se fasse en fonction de l'obligation continue découlant de leur fonction et non en fonction de leur statut".
Gerhard Schröder n'est ainsi pas exclusivement concerné. Angela Merkel elle-même, au pouvoir entre 2005 et 2021, pourrait à l'avenir voir rogner une partie de ses avantages.
Mais c'est bien Gerhard Schröder, devenu une figure encombrante en Allemagne, y compris pour l'actuel chancelier social-démocrate Olaf Scholz, qui est principalement visé.
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Liens maintenus
Gerhard Schröder, chancelier quand Vladimir Poutine est arrivé au pouvoir en 2000, a noué "une véritable amitié, basée sur la confiance" avec le dirigeant russe, qu'il a dépeint en 2004 en "parfait démocrate", rappelait en février à l'AFP la politologue Ursula Münch.
L'ancien dirigeant est sous pression depuis l'invasion russe de l'Ukraine. Contrairement à la plupart des anciens dirigeants européens présents avant la guerre en Ukraine dans les instances dirigeantes des entreprises russes, il n'a pas démissionné.
Gerhard Schröder reste ainsi président du comité des actionnaires de Nord Stream AG, le gazoduc controversé entre la Russie et l'Allemagne suspendu en février, et président du conseil de surveillance de Rosneft, premier groupe pétrolier russe.
L'ancien chancelier, depuis privé de distinctions honorifiques par plusieurs villes et ciblé par des appels à son éviction du parti social-démocrate SPD, avait fait savoir en avril qu'il n'avait aucune intention de démissionner, sauf si Moscou venait à cesser ses livraisons de gaz à l'Allemagne. Un scénario auquel il disait ne pas croire.
afp/ami