Dans la province d'Hérat, comme dans le reste de l'Afghanistan, la majeure partie de la population ne mange pas à sa faim et est en proie à une grave crise humanitaire.
L'hôpital de la région ne désemplit pas. Les enfants souffrant de malnutrition sont dirigés vers l'établissement où l'ONG Médecins sans frontières (MSF) gère un centre nutritionnel thérapeutique. L'hôpital accueille les enfants les plus gravement malades et qui ont le plus de risque de mourir.
Selon l'ONU, plus de 3 millions d'enfants souffriront de malnutrition aiguë au cours de cette année en Afghanistan. Le pays a une population parmi les plus jeunes au monde: 47% des Afghans ont moins de 15 ans. "Cela veut dire que plus de 20 millions de personnes sont très dépendantes de leurs parents pour avoir accès à une alimentation de qualité", a précisé Claudio Rini, directeur des opérations chez Terre des Hommes, samedi sur le plateau du 19h30.
A cela s'ajoute le fait que les femmes afghanes ont "depuis très longtemps" des difficultés à accéder à des soins qualitatifs, notamment pendant leur grossesse.
Une aide de survie
Dans la capitale aussi, la situation est alarmante. Des distributions alimentaires ont lieu à Kaboul chaque semaine, surveillées par les talibans, qui maintiennent l'ordre à leur façon. Les distributions débutent très tôt et les premières personnes arrivent sur le lieu de collecte à partir de 4 heures du matin.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) assiste ainsi les plus vulnérables recensés par les autorités locales. "Sans cette nourriture, les gens vont mourir de faim. Nous ne pouvons pas laisser le monde oublier l'Afghanistan. C'est un peuple qui a traversé des décennies de conflits, des années de sécheresse et qui est confronté maintenant à une sévère crise économique", a rappelé Shelley Thakral, cheffe de communication au PAM, dans le 19h30.
Parmi les aliments distribués, de la farine de blé, de l'huile végétale, du sel ou encore des légumineuses. "S'il n'y avait pas cette aide, tout le monde mourrait. On se mangerait entre nous", a affirmé un résident de la capitale venu chercher de la nourriture. Pour Claudio Rini, en situation de grave crise humanitaire, "il est capital d'avoir accès aux populations les plus vulnérables".
Un sentiment d'abandon
Mais à Kaboul, tous les habitants ne jouissent pas de cette aide. Certains n'ont pas reçu de carte de bénéficiaires et supplient pour en obtenir une. Les organisations humanitaires sont dépassées.
"J'ai été très frappé par le sentiment d'abandon et le désarroi des populations", a encore souligné Claudio Reni. "Les familles afghanes sont aujourd'hui confrontées à une crise climatique, une crise politique, avec des restrictions sur les libertés individuelles, notamment pour les femmes, et une crise économique très forte, avec une économie pratiquement à l'arrêt du fait des sanctions internationales."
Au total, 60% de la population en Afghanistan a besoin d'une aide humanitaire.
Propos recueillis par Fanny Zürcher/sg/iar