Une résolution initiée par l'Ukraine doit tout particulièrement dénoncer les attaques perpétrées par Moscou sur le système de santé, mais aussi condamner les gravissimes conséquences de l'invasion et du blocus des ports ukrainiens sur l'approvisionnement mondial et l'explosion du prix des céréales.
"La guerre en Ukraine a un impact systémique sur les organisations internationales, puisqu'elle oblige à passer un temps considérable à la gestion de la question russe dans les organisations et à la déclinaison des conséquences sur la santé en Ukraine, en Europe et dans le monde", explique un diplomate européen. De nombreux pays estiment aussi que les alliés de l'Ukraine négligent les autres crises, alors que la coopération sanitaire est un domaine à part et à préserver.
Côté russe, l'ambassade à Genève a voulu tuer dans l'oeuf des informations indiquant que Moscou préparerait son retrait de l'organisation. "Les rumeurs selon lesquelles la Russie va se retirer de l'OMS sont tout simplement fausses", a-t-elle clairement précisé sur Twitter.
Berne appelle à protéger la santé
La Suisse a de son côté appelé à protéger l'accès aux soins dans les conflits, alors que sévit la guerre en Ukraine. En ouvrant dimanche l'Assemblée mondiale de la santé à Genève, le conseiller fédéral Alain Berset a mis en avant le rôle de la santé pour la paix.
Alors que des centaines d'assauts ont été perpétrés contre des centres de santé en Ukraine, le chef du Département fédéral de l'intérieur (DFI) a dénoncé "des actes inacceptables" contre les civils, en violation du droit international humanitaire (DIH). Et d'appeler tous les Etats membres et les parties à des conflits à honorer les règles.
Mais l'engagement de la Suisse sur le lien entre santé et paix est plus durable. "Le combat pour la santé de toutes et tous est un facteur de rapprochement pour nos sociétés", a aussi dit le conseiller fédéral.
Le Covid-19, révélateur de problèmes
En échange de cette hausse des cotisations fixes, certains Etats exigent que l'institution se renouvelle, car la pandémie de Covid-19 a mis à nu ce qui ne fonctionne pas bien dans le système mondial de santé. "Il sera important pour l'OMS de mettre rapidement en oeuvre les réformes" pour que les décisions sur le financement durable puissent s'appliquer, a par exemple averti l'ambassadrice des Etats-Unis Sheba Crocker.
L'Assemblée va donc se pencher sur le toilettage du Règlement sanitaire international (RSI) pour permettre de répondre plus efficacement et plus rapidement aux urgences sanitaires. Dans la même veine, l'Assemblée devrait décider de la création d'une Commission permanente des urgences issue du Conseil exécutif de l'OMS et activable en 24 heures en cas d'urgence sanitaire de portée internationale, le plus haut niveau d'alerte de l'OMS. Alain Berset a rappelé que la Suisse soutient ce nouvel instrument.
En parallèle a été lancé le chantier d'un nouvel accord international sur la santé mondiale, qui, pour ses partisans, devra être contraignant et pourrait venir compléter le RSI. En décembre dernier, un groupe intergouvernemental de négociation a été créé pour y travailler. Pour Berne, un futur accord, pas attendu avant 2024, ne doit pas remplacer le Réglement. Le premier doit être plus large sur des questions comme le partage de vaccins, alors que le second doit rester davantage ciblé sur la sécurité sanitaire.
Vers une hausse des contributions fixes
Dès lundi, les ministres de la Santé devraient se succéder à la tribune pour cette première assemblée à se dérouler sur place à Genève depuis le début de la pandémie, avec notamment le financement durable de l'OMS à l'ordre du jour. L'Organisation ne dispose en effet que d'un budget biennal qui atteint à peine 6 milliards de francs, tandis que, par comparaison, l'Assistance publique/Hôpitaux de Paris, en France, dispose à elle seule d'un peu plus de 8 milliards de francs par an.
Le problème vient des contributions fixes: les cotisations obligatoires des membres ne comptent que pour 16% du total en 2020-21. Le reste, constitué de contributions volontaires, est plus difficile à planifier, doit être obtenu de haute lutte et est souvent assigné à une tâche précise.
Alain Berset a répété l'engagement suisse pour un financement plus durable de l'OMS. La part des contributions obligatoires, à 20% des 5,8 milliards de francs de l'organisation, pourrait être augmentée à 50% d'ici une dizaine d'années. D'après le conseiller fédéral, "nous avons compris, collectivement, la nécessité d'avoir une OMS forte", dotée de moyens adaptés et d'autorité pour préparer et répondre aux pandémies.
Tedros Adhanom Ghebreyesus va être reconduit
La reconduction pour cinq ans du directeur général de l'organisation sanitaire Tedros Adhanom Ghebreyesus est acquise malgré les accrocs qui ont marqué son premier mandat, comme son attitude jugée trop conciliante envers la Chine au début du Covid-19 et une réaction trop lente sur le scandale d'exploitation sexuelle de certains employés. Sans rival et avec le soutien des poids lourds de l'organisation, le premier directeur général africain de l'OMS poursuivra son travail.
"Nous attendons de lui avec confiance un très fort engagement sur la poursuite de la gestion de la pandémie, mais aussi sur le très gros chantier de la réforme de la santé mondiale", souligne le diplomate européen cité précédemment.
>> Plus de détails dans notre article : Le directeur de l'OMS Tedros Ghebreyesus va être reconduit pour un second mandat
agences/vic/iar
Le spectre de la variole du singe
Alors que la situation s'est améliorée sur le plan de la pandémie de Covid-19, une nouvelle menace pointe son nez.
Des cas de variole du singe, maladie endémique dans certaines parties de l'Afrique, s'étendent en Amérique du Nord et en Europe. Si la plupart des cas sont pour l'heure sans gravité, le spectre d'une nouvelle crise de grande ampleur inquiète les autorités sanitaires.
>> Lire à ce sujet : Des cas de variole du singe confirmés en Europe, les autorités sanitaires rassurantes