La transmission de la variole du singe peut être stoppée dans les pays non endémiques, selon l'OMS
"C'est une situation qui peut être contrôlée, particulièrement dans les pays où nous voyons cette épidémie se produire en Europe", a déclaré Maria Van Kerkhove, en charge de la lutte contre le Covid-19 à l'OMS mais aussi des maladies émergentes et zoonoses.
La variole du singe, cousine moins dangereuse de la variole éradiquée depuis une quarantaine d'années, a fait son apparition soudaine ces dernières semaines dans des pays où elle n'est normalement que très rare: l'Europe et l'Amérique du Nord.
Selon la docteure Van Kerkhove, il y a actuellement "moins de 200 cas confirmés et suspectés" dans ces pays non endémiques.
Réunion mondiale la semaine prochaine
Rosamund Lewis, qui est en charge de la variole au programme d'urgence de l'OMS, a souligné que "c'est la première fois que nous voyons des cas dans de nombreux pays en même temps et des personnes (malades) qui n'ont pas voyagé dans les régions endémiques d'Afrique".
Mme Lewis a indiqué qu'on ne savait pas encore si le virus avait muté, mais a souligné que ces orthopoxviroses "ont tendance à être assez stables".
Une grande réunion mondiale avec tous les experts de nombreuses branches doit se tenir la semaine prochaine pour débattre de cette épidémie.
"Pas une maladie homosexuelle"
Andy Seale, conseiller en stratégies des programmes mondiaux de l'OMS sur le VIH, l'hépatite et les infections sexuellement transmissibles, a souligné que si ce virus pouvait être attrapé pendant une activité sexuelle, ce n'en est pas pour autant une maladie sexuellement transmissible.
"Bien que nous observions des cas parmi les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, ce n'est pas une maladie homosexuelle, comme certaines personnes sur les réseaux sociaux ont tenté de l'étiqueter", a-t-il insisté.
Risque de contagion faible
Le risque de contagion est en revanche plus élevé chez les personnes ayant plusieurs partenaires sexuels, alors qu'il est "très faible" dans la population en général, a estimé lundi l'agence de l'Union européenne chargée des maladies.
Outre les relations sexuelles, des contacts de muqueuses ou de plaies infectées, ou encore de grosses gouttelettes transmises lors d'un face-à-face prolongé sont considérés comme des vecteurs possibles, selon l'agence.
L'ECDC recommande l'isolement de tous les cas jusqu'à ce que les lésions provoquées par la maladie "soient complètement guéries".
Si la plupart des cas sont peu graves, la variole du singe peut l'être chez les jeunes enfants, les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées, souligne l'ECDC.
afp/nr
Une dizaine de pays européens
Au total, 85 cas ont été recensés jusqu'ici dans huit pays de l'UE (France, Belgique, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Espagne, Portugal et Suède), selon l'ECDC. Les autorités sanitaires au Danemark ont par ailleurs annoncé un premier cas lundi. En Suisse, un seul cas a pour l'heure été annoncé, samedi dernier dans le canton de Berne.
L'agence européenne appelle également à la vigilance sur une éventuelle transmission de l'homme à l'animal. "Si une transmission de l'humain à l'animal se produit, et que le virus se diffuse dans la population animale, il y a un risque que la maladie devienne endémique en Europe", souligne-t-elle.
Outre la dizaine de pays européens la variole du singe a aussi été détectée en Australie, au Canada et aux Etats-Unis, des pays où sa présence est inhabituelle. Elle est présente en temps normal, considérée comme "endémique", dans 11 pays d'Afrique.
Pas de traitement
La variole du singe se traduit d'abord par une forte fièvre et évolue rapidement en éruption cutanée, avec la formation de croûtes, notamment sur le visage.
Il n'existe pas de traitement mais cette infection virale se guérit d'elle-même.
A Genève, les HUG ont mis en place un protocole de prise en charge de cette maladie: