La convention de la National Rifle Association (NRA), prévue de longue date, arrive juste après qu'un adolescent de 18 ans a ouvert le feu mardi dans l'école primaire Robb d'Uvalde, tuant 19 enfants et deux enseignantes, et plongeant une nouvelle fois l'Amérique dans le cauchemar des fusillades en milieu scolaire.
>> Relire à ce sujet : Après la fusillade de l'école primaire d'Uvalde, la population est sous le choc
Si l'ancien président Donald Trump sera bien présent à cette grand-messe de la NRA, le gouverneur républicain du Texas, Greg Abbott, a lui prévu de ne plus s'y rendre. A la place, il donnera vendredi après-midi une conférence de presse à Uvalde.
Politiciens, stars de country et fabricants d'armes absents
Greg Abott, grand défenseur du droit à détenir une arme à feu et candidat à sa réélection cette année, s'exprimera tout de même devant les membres de la NRA, dans une vidéo pré-enregistrée, a précisé un de ses porte-parole au journal Dallas Morning News.
Son adjoint, Dan Patrick, ne se montrera pas non plus afin d'éviter "d'ajouter à la douleur des familles", a-t-il dit dans un communiqué.
Signe du malaise, plusieurs stars de la country ont aussi choisi de ne pas venir. Parmi elles, le chanteur Don McLean, connu pour sa chanson "American Pie", qui a jugé qu'il serait "irrespectueux" pour lui de s'y produire.
L'artiste Lee Greenwood, dont le tube patriotique "God Bless the USA" rythme les meetings de Donald Trump, a lui aussi préféré annuler son concert. Autre absent notable, le fabricant du fusil semi-automatique AR-15 utilisé par l'auteur de la fusillade.
Les armes interdites pendant l'événement
Mais l'influent sénateur conservateur de l'Etat, Ted Cruz, sera bien présent, tout comme Donald Trump, qui a reçu des dizaines de millions de dollars de la NRA lors de ses deux campagnes présidentielles.
La NRA, qui revendique 5 millions de membres, a d'ailleurs précisé qu'en raison de la prise de parole de l'ex-chef d'Etat et pour assurer sa sécurité, les armes à feu seraient interdites dans la salle.
Selon le puissant lobby, les participants à la grande réunion "réfléchiront" à ce qui s'est produit à Uvalde, et "prieront pour les victimes". La NRA, attaquée par Joe Biden, s'était dédouanée de toute responsabilité dans la tuerie, dénonçant "l'acte d'un criminel isolé et dérangé".
La police critiquée
A l'extérieur du bâtiment, des opposants ont prévu de manifester. Le démocrate Beto O'Rourke, qui affrontera Greg Abbott lors des élections pour le poste de gouverneur en novembre, s'y trouvera.
Dans une scène inhabituelle, signe de la tension grandissante sur la question des armes, il avait interrompu le gouverneur mercredi, en pleine conférence de presse, l'accusant d'être responsable du drame.
La façon dont la police a géré la situation a aussi été critiquée. Selon une vidéo et de nombreux témoignages, des parents ont attendu devant l'école sans que les forces de l'ordre, pourtant présentes, n'interviennent, alors que le tireur, Salvador Ramos, était dans la salle de classe.
Des unités de la police aux frontières sont entrées environ une heure après que l'adolescent se soit introduit dans le bâtiment, et l'ont tué. Contrairement à ce qui avait été dit, le forcené, qui avait tiré sur sa grand-mère avant de se rendre à l'école, n'avait fait face à aucun policier avant d'y entrer.
Un débat sur la régulation des armes relancé
La fusillade, qualifiée de "nouveau Sandy Hook" dans la presse américaine, en référence à l'effroyable massacre dans une école primaire du Connecticut en 2012, a réveillé les traumatismes de l'Amérique.
Les visages des très jeunes victimes, âgées de 11, 10 et 9 ans, diffusés en boucle à la télévision, et les témoignages de leurs proches effondrés ont ému le pays, relançant une vague d'appels à mieux réguler les armes à feu.
Passage obligé après chaque fusillade d'ampleur, ce mouvement a peu de chances d'aboutir à des actes, étant donné l'absence d'espoir d'une adoption par le Congrès d'une loi nationale ambitieuse sur la question.
Le président Joe Biden se rendra à Uvalde dimanche avec son épouse Jill Biden, pour "partager le deuil" des habitants de cette petite ville bouleversée par l'un des pires massacres par arme à feu des dernières années dans le pays.
afp/aps
>> Voir l'analyse de Gaspard Kühn: