Le président conservateur sortant Ivan Duque a inauguré le début officiel du vote en mettant son bulletin dans l'urne, dans un bureau voisin de la présidence à Bogota.
Près de 38 millions d'électeurs sont attendus dans 12'000 bureaux de vote, où ils ont le choix entre six candidats, pour désigner un remplaçant au très impopulaire Ivan Duque, qui ne peut pas se représenter.
Ce scrutin, qui pourrait connaître un second tour le 19 juin, se déroule dans un climat de vives tensions politiques, après quatre années marquées par la pandémie, une forte récession, des manifestations urbaines massives et une aggravation de la violence des groupes armés dans les campagnes. Les résultats de ce premier tour sont attendus dans la soirée.
Le candidat de gauche en tête
En tête des sondages (41%), le sénateur de gauche Gustavo Petro, un ex-guérillero converti à la social-démocratie, ex-maire de Bogota et vieux routier de la politique, a su capitaliser sur la soif de "changement" dont il a fait l'emblème de sa campagne.
"L'histoire de la Colombie changera dimanche", assure le candidat de 62 ans, avec en colistière pour la vice-présidence l'Afro-Colombienne Francia Marquez. Un pari réussi car cette modeste femme de chambre devenue militante féministe et antiraciste s'est déjà imposée comme l'un des phénomènes de cette présidentielle.
Disant vouloir "redonner sa dignité au peuple", ce d
uo de la coalition du "Pacte historique" (arrivée en tête des législatives de mars) promet pêle-mêle justice sociale, retour à la paix, transition verte, lutte contre "l'économie prédatrice" et "l'autoritarisme".
"Ordre et sécurité" à droite
En face, le candidat conservateur Federico Gutierrez, ancien maire de Medellin crédité de 27% des voix, se pose en défenseur des Colombiens "ordinaires", auxquels il promet "ordre et sécurité", dénonçant les "discours de haine" d'une gauche toujours assimilée à l'épouvantail "communiste".
Federico Gutierrez - "Fico" pour ses partisans - a bien pris soin de se démarquer du président sortant et du Centre démocratique, au pouvoir, de l'ex-président Alvaro Uribe (2002-2010), englué dans des démêlés judiciaires.
"Fico" est désormais sérieusement talonné dans les sondages par un candidat indépendant, l'outsider Rodolfo Hernandez, un entrepreneur de 77 ans au discours populiste auquel s'est ralliée la candidate franco-colombienne Ingrid Betancourt. Un centriste, Sergio Fajardo, arrive en quatrième position.
gma avec ats
Déploiement massif de militaires et policiers
La campagne a été marquée par des menaces d'assassinat contre Gustavo Petro et sa colistière, qui ne s'expriment plus en public que derrière une haie de boucliers blindés, mais également contre "Fico". Menaces qui ont ravivé le spectre de décennies de violences politiques.
Le gouvernement a promis le déploiement de près de 200'000 militaires et policiers dans tout le pays, alors que la Mission d'observation électorale (MOE), une coalition d'ONG locales, a constaté une nette augmentation de l'activité des groupes armés en période préélectorale.