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Des milliers d'Israéliens pour une marche des drapeaux sous tension

La tension est forte à Jérusalem pour la "marche des drapeaux" marquant la conquête de Jérusalem-Est par Israël.
La tension est forte à Jérusalem pour la "marche des drapeaux" marquant la conquête de Jérusalem-Est par Israël. / 19h30 / 2 min. / le 29 mai 2022
Des milliers d'Israéliens ont défilé dimanche en Vieille Ville de Jérusalem pour la "marche des drapeaux" marquant la conquête de la partie orientale de la Ville sainte par Israël. La tension était vive dès le début de journée, les Palestiniens se sentant provoqués. Plusieurs d'entre eux ont été blessés.

La tension était forte dimanche à Jérusalem avant même le début vers 16h00 (15h00 suisse) de cette marche annuelle, partie du centre de Jérusalem pour se terminer au Mur des Lamentations, site de prière le plus sacré du judaïsme en contrebas de l'esplanade des Mosquées. Elle a traversé la Vieille Ville, située à Jérusalem-Est, secteur occupé par Israël depuis 1967 et annexé.

Des Israéliens, dont une grande part de jeunes et de nationalistes, sont entrés dans la Vieille Ville en passant par la "porte de Damas", qui donne sur le quartier musulman. "Ce jour commémore la libération de notre ville antique, de notre ancienne capitale, Jérusalem", a lancé l'un d'eux dans la foule. "Ici, c'est notre pays, un point c'est tout! Les Palestiniens ne sont que des invités", a déclaré un autre marcheur israélien de 18 ans.

Au moins 40 Palestiniens blessés

De brefs heurts ont opposé des Palestiniens et des policiers israéliens devant la "porte de Damas", selon un photographe de l'AFP sur place. Au même endroit, des membres du groupe de hooligans anti-arabes "La Familia" ont scandé "Mort aux Arabes", selon des témoins.

Dans le quartier musulman, des projectiles ont été lancés sur des marcheurs, a constaté un journaliste, ainsi que des bouteilles d'eau sur des brancardiers transportant un Palestinien blessé. A travers Jérusalem, au moins 40 personnes ont été blessées dimanche dans différents incidents, selon le Croissant-Rouge palestinien.

La majorité des commerçants ont fermé boutique dans le quartier musulman et les habitants sont restés chez eux. Dans la rue, avant la marche, des dizaines de jeunes juifs nationalistes ont chanté et dansé en agitant des drapeaux israéliens devant des Palestiniens. "Vous avez vu ça? Il n'y a pas de respect. Si les commerces sont fermés ce n'est pas que nous avons peur mais parce que nous savons qu'il n'y aura pas de clients aujourd'hui", a lancé Sami, un commerçant.

Le ténor de l'extrême droite israélienne Itamar Ben Gvir s'est rendu sur l'esplanade des Mosquées, lieu saint au coeur des tensions israélo-palestiniennes dans la Vieille Ville à Jérusalem-Est. "Je suis venu aujourd'hui affirmer que nous, l'Etat d'Israël, sommes souverains ici", a lancé Itamar Ben Gvir. En vertu d'un statu quo historique, les non-musulmans peuvent se rendre sur l'esplanade des Mosquées à des heures précises mais ne peuvent y prier. Or, ces dernières années, un nombre croissant de juifs, souvent nationalistes, y prient subrepticement, un geste dénoncé comme une "provocation" par les Palestiniens.

Des manifestants israéliens sont rassemblés près du Mur des Lamentations dans la vieille ville de Jérusalem, lors de la "marche des drapeaux". [AFP - Gil Cohen-Magen]
Des manifestants israéliens sont rassemblés près du Mur des Lamentations dans la vieille ville de Jérusalem, lors de la "marche des drapeaux". [AFP - Gil Cohen-Magen]

Drapeau contre drapeau

La police a indiqué avoir mobilisé plus de 2000 officiers pour la marche de "Yom Yerushalaïm" ou le "jour de Jérusalem", qui marque pour Israël la "réunification" de la Ville Sainte depuis la conquête de sa partie orientale lors de la guerre des Six Jours en 1967. Les Palestiniens ambitionnent eux de faire de Jérusalem-Est la capitale d'un futur Etat.

L'an dernier, lors du jour prévu pour la "marche des drapeaux" selon le calendrier hébraïque, et après des jours de violences israélo-palestiniennes à Jérusalem-Est, le mouvement palestinien Hamas, au pouvoir à Gaza, avait lancé des salves de roquettes sur Israël, prélude à une guerre de 11 jours entre les deux camps. Cette année, les groupes palestiniens ont de nouveau menacé de "répondre" en cas de violences importantes lors de la marche, voire si des participants se rendaient sur l'esplanade des Mosquées qui ne figurait toutefois pas sur le trajet annoncé.

Malgré les menaces, le Premier ministre israélien Naftali Bennett avait donné son feu vert à la marche. "C'est naturel de brandir le drapeau d'Israël dans la capitale d'Israël [...] mais je demande aux participants de la marche de respecter les consignes de la police", a-t-il déclaré dimanche, avant d'appeler la police à faire preuve de "tolérance zéro pour les extrémistes, incluant la Familia".

Pour contrer symboliquement cette marche, des Palestiniens ont tenu des rassemblements en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël, pour brandir leur drapeau, donnant lieu aussi à des heurts avec les forces israéliennes qui ont fait au total une centaine de blessés, principalement légers, selon les secouristes.

ats/jfe/iar

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