Accompagné de son épouse Jill Biden, le président américain, fervent catholique, s'est recueilli et signé devant un mémorial improvisé près du lieu de la tuerie: des croix portant les noms des victimes, presque submergées de fleurs, avec çà et là une peluche.
La First Lady a déposé un bouquet devant un petit mur de briques portant le nom de l'école primaire Robb, qui sera à jamais synonyme de l'une des pires tueries en milieu scolaire des Etats-Unis.
Puis le couple, portant habits sombres et lunettes noires, s'est dirigé vers une rangée de grandes photos ornées de fleurs blanches, montrant les visages des enfants fauchés, âgés d'entre 9 et 11 ans.
Ils les ont passés en revue, Joe Biden secouant la tête à un moment, comme encore incrédule devant la tragédie, tandis que Jill Biden effleurait chaque visage d'une caresse.
Même derrière ses lunettes de soleil, l'on distinguait le visage marqué de ce président qui va de deuil en deuil collectif: il y a quelques jours, il s'était déjà recueilli sur le lieu d'un massacre raciste à Buffalo, dans le nord-est du pays.
"Faites quelque chose"
A la sortie de l'église où le président démocrate, catholique pratiquant, et sa femme Jill Biden venaient d'assister à une messe, plusieurs voix ont scandé: "Faites quelque chose!"
"Nous le ferons", a répondu rapidement le président, avant d'aller à la rencontre de familles des victimes et de secouristes. Il a prévu de passer plusieurs heures en leur compagnie, à l'abri des caméras et des regards.
"On peut rendre l'Amérique plus sûre"
"On ne peut pas rendre les drames illégaux, je le sais. Mais on peut rendre l'Amérique plus sûre", a plaidé samedi le président des Etats-Unis, regrettant que "dans tant d'endroits, tant d'innocents soient morts".
Dix-neuf enfants et deux enseignantes ont péri mardi dans l'école Robb d'Uvalde sous les balles d'un homme de 18 ans à peine, l'une des pires fusillades des dernières années dans le pays.
Le démocrate de 79 ans, qui a lui-même perdu deux de ses enfants - sa fille encore bébé dans un accident de voiture, et un fils adulte suite à un cancer -, avait évoqué sa propre souffrance peu après la tuerie.
"Perdre un enfant, c'est comme si l'on vous arrachait une partie de votre âme", avait-il dit mardi. "Rien n'est plus jamais pareil."
Peu d'espoir de changement
A Uvalde, le couple Biden doit participer à une messe à la mi-journée. Dans l'après-midi, ils vont rencontrer des familles de victimes et des survivants du massacre, puis des membres des équipes de secours.
Connu pour son empathie, Joe Biden saura sans doute trouver les mots face à la souffrance des proches. Mais le chef de l'Etat peut difficilement promettre des actes à ceux qui réclament un encadrement plus strict des armes à feu.
La trop fine majorité parlementaire démocrate ne lui permet pas de faire passer seule une législation significative sur le sujet. Les élus de son camp ont besoin de convaincre quelques républicains pour obtenir la majorité qualifiée nécessaire.
La Maison Blanche, réticente à trop impliquer Joe Biden dans la bataille politique, a dit jeudi avoir "besoin de l'aide du Congrès", par la voix de sa porte-parole Karine Jean-Pierre.
Des négociations y ont lieu, et certains élus ont jugé possible, dimanche, la mise en place de lois plus restrictives. Le sénateur démocrate Dick Durbin a ainsi dit sentir "un état d'esprit différent" chez ses pairs. Reste à voir si les républicains vont "faire preuve de courage politique", a-t-il ajouté sur la chaîne CNN.
ats/jfe