Au cours des trois derniers mois, pas moins de 17 journalistes et professionnels de l'information du département Actualité de la RTS se sont rendus en Ukraine. "Il est primordial de se rendre sur place pour pouvoir informer et témoigner de la réalité de la guerre au public", explique Sébastien Faure, journaliste et producteur pour l'émission Mise au Point. "Se rendre dans des zones en guerre permet également de démêler le vrai du faux en accumulant et en croisant les témoignages."
"Il est nécessaire d'être armé psychologiquement. Les personnes qui partent sont volontaires et expérimentées. Elles reçoivent également des formations spéciales", souligne Christophe Chaudet, directeur du département Actualité et Sports de la RTS.
"Le risque zéro n'existe pas"
En plus des formations, les journalistes reçoivent de la part de leur rédaction du matériel adapté pour des zones dangereuses: un gilet pare-balles et un casque. Malgré tous ces préparatifs, le risque zéro n'existe pas, avertit l'organisation Reporters sans frontières Suisse par la voix de son secrétaire général, Denis Masmejan: "Le journalisme de guerre s'opère dans un contexte très particulier où il y a des risques importants pour la vie et l'intégrité physique des professionnels de l'information."
Pour aider les journalistes en Ukraine, Reporters sans frontières a créé deux centres pour la liberté de la presse à Lviv et à Kiev. Ces centres apportent un soutien logistique, financier ainsi que psychologique aux professionnels de l'information. L'organisation fait état de huit journalistes tués depuis le début de la guerre. "Un journaliste, au même titre qu'un civil, s'il est tué et qu'il avait été ciblé délibérément, c'est un crime de guerre", rappelle Denis Masmejan.
Tuer un journaliste délibérément est un crime de guerre
Reporters sans frontières fait également un travail de documentation lors des conflits afin de déterminer les circonstances dans lesquelles les journalistes ont perdu la vie.
"Un des reportages les plus marquants de ma vie"
Quand les journalistes sont sur le terrain, la rédaction est en contact quotidien avec eux pour permettre d'évaluer au mieux les risques et de s'assurer que tout se déroule pour le mieux. "Il faut pouvoir trouver un équilibre entre le bénéfice éditorial et les risques encourus", explique Christophe Chaudet.
Jon Björgvinsson, reporter d'images de guerre et Sébastien Faure se sont rendus en Ukraine en avril pour la RTS. Ils ont fait partie des premiers journalistes étrangers à se rendre dans la ville de Boutcha au nord de Kiev.
Ils se sont rendus sur place avec leur fixeur, Alexander Nedbaev. Les fixeurs sont des locaux qui se transforment en guides, interprètes, chauffeurs ou négociateurs pour les journalistes étrangers qui débarquent en terrain méconnu. "Nous avions déjà travaillé ensemble avec Alexander. Nous avons la même manière de fonctionner. Bien choisir le fixeur c'est -sans mauvais jeu de mot- 'le nerf de la guerre' pour les journalistes", raconte Sébastien Faure.
>> Ecouter l'émission Médialogues consacrée aux fixeurs:
Camille Lanci