Plusieurs services d'urgence ont dû fermer à travers le pays. Cette crise, structurelle, a déjà connu un pic en 2019, lorsque les soignants s'étaient mis en grève pour dénoncer leurs conditions de travail.
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Juste après, la pandémie de Covid-19 est venue peser davantage sur le système sanitaire. La fragilité des hôpitaux français est apparue au grand jour, avec de moins en moins de personnel, une mauvaise rémunération et une crise des vocations.
Paradoxalement, la période du coronavirus a donné de l'espoir aux soignants. On allait enfin se rendre compte de l'importance d'un service public fort. Deux ans après, les salaires ont été un peu revalorisés, mais les problèmes structurels n'ont pas été empoignés. Pire encore, le Covid a épuisé le personnel et accéléré la crise des vocations. Actuellement, on estime en moyenne à 15% le nombre de lits fermés par manque de personnel. Près de 1400 infirmières manquent uniquement en Ile-de-France.
Manque de volonté politique
Le président Emmanuel Macron assure qu'il prend la mesure de la crise. Il a consacré mercredi sa première visite intérieure officielle sur ce sujet, à Cherbourg. Le chef d'Etat a annoncé le lancement d'une nouvelle mission "d'un mois sur les soins non programmés".
"Territoire par territoire", elle doit expliquer "où sont les manques, pouvoir les chiffrer" et donner des premières pistes pour répondre à ce problème, a détaillé Emmanuel Macron.
Selon Etienne Lengline, médecin à l'hôpital public de Saint Louis à Paris, le manque de volonté politique est au coeur du problème. "Le temps des concertations est fini, les diagnostics sont faits. Il est temps de passer à l'action. Cela demande un certain courage politique", assure-t-il jeudi dans l'émission Tout un monde.
Un problème pour tout le monde
Selon le médecin, l'hôpital se trouve dans un angle mort du point de vue des politiques publiques. "On a fait le minimum pour que ça tienne. Ça fait probablement 15 ans que ça tient essentiellement sur la base de la bonne volonté des soignants. Aujourd'hui, ça craque. L'hôpital coûte beaucoup, certes, mais rapporte aussi. Avec la crise du Covid, je pensais que tout le monde allait voir l'utilité des hôpitaux."
Sauf quelques exceptions, rien n'a changé après la crise sanitaire. Pour Etienne Lengline, les politiques n'empoignent pas sérieusement le dossier car ces questions n'existent pas vraiment dans le débat public. Avec des citoyens qui ne se sentent pas directement concernés.
"On entend beaucoup de gens dire 'pauvres soignants, je les soutiens', mais en vérité la plupart des gens n'ont pas conscience que c'est un problème pour eux. Si vous faites un AVC aujourd'hui, vous avez une chance sur deux d'être hospitalisé dans une unité qui prend en charge les AVC. Si vous consultez aux urgences, vous avez une chance sur cinq que le service dans lequel vous allez vous rendre soit fermé", alerte le médecin.
Ariane Hasler/gma