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La mode des fesses rebondies, émancipation des corps ou injonction esthétique?

Les fesses rebondies sont le nouveau standard de beauté, bien loin des corps filiformes des années 90
Les fesses rebondies sont le nouveau standard de beauté, bien loin des corps filiformes des années 90 / 19h30 / 2 min. / le 25 juin 2022
Loin des silhouettes filiformes des années 90, les nouveaux canons de beauté font largement la place aux formes plantureuses et aux fesses rebondies. Et les opérations d'augmentation du fessier se multiplient.

Une taille fine, des hanches rondes et le fessier charnu. Sur les réseaux sociaux ou dans les salles de fitness, la mode est aux fesses rebondies. Selon la dernière étude de l'ISAPS (la Société internationale de chirurgie esthétique et plastique), l’augmentation du fessier est l’intervention chirurgicale qui affiche la plus forte hausse: près de 38,4% pour l’année 2019.

Une tendance qui se confirme dans les salles de sport romandes. Au sein du fitness Harmony à Genève, près de 80% de la demande chez les jeunes filles concerne les exercices ciblés sur le fessier.

Une mode qui peut être dangereuse, dénonce le manager du club Maxime Tognon samedi dans le 19h30. "Il faut être clair: ce sont des physiques difficiles à atteindre seulement avec de l’entraînement. Cela peut être malsain, car ces jeunes ont pour objectif des critères liés à la chirurgie esthétique." Un phénomène largement relayé sur sur Tik Tok ou Instagram, où une pléthore d’influenceuses sportives proposent exercices et entraînements ciblés.

De la brindille à la fesse rebondie

Auteure du documentaire "Bootyfool", la journaliste française Rokhaya Diallo interroge ce nouveau critère de beauté. Est-ce une émancipation des corps ou au contraire une nouvelle injonction esthétique?

Si, dans les communautés africaines ou afro-américaines, les fesses pleines ont toujours été valorisées, ce n’est pas le cas en Occident où "le look brindille" - à l’image du mannequin Kate Moss - a été le critère prépondérant de beauté pendant les années 90 et jusqu’au milieu de la dernière décennie.

"On a pu le voir dans le hip-hop dès les années 90 où, dans les clips, on voyait des femmes noires avec des fesses relativement imposantes qui étaient considérées comme de belles femmes. Mais cette appréciation des fesses était circonscrite à certaines sphères culturelles", détaille la journaliste dans une interview donnée dans le magazine Cosmopolitan. "Ça m’a interrogée, parce qu’à mon époque, quand j’étais jeune, ce n’était pas du tout à la mode d’avoir de grosses fesses. C’était vraiment un stigmate honteux", ajoute-t-elle.

Injonction de beauté

Un premier changement s’opère à la fin des années 90 avec des stars comme Jennifer Lopez, qui promeut une forme de marketing autour de son fessier. Puis dans les années 2010 arrivent des célébrités comme Kim Kardashian, qui fait de son derrière une marque de fabrique, tout en assumant être passée par la case chirurgie esthétique.

Aujourd’hui, ce critère est largement relayé dans l’univers du rap, avec des stars comme Cardi B, Nicki Minaj ou Meghan Thee Stallion, assumant fièrement leurs attributs.

Pour Shérazade Leksir, coach et auteure du compte Instagram Stopgrossophobie, les anciennes injonctions de maigreur ont simplement été remplacées par d’autres. Car derrière ce critère de beauté se cache le mythe d’un idéal à atteindre, qui sonne plus comme une injonction esthétique qu’une libération.

"À l’image de Kim Kardashian, la mode est à la fesse rebondie, tout en ayant un ventre plat, une taille fine, et pratiquement pas de graisse ailleurs. Il y a donc toujours l’empreinte de la grossophobie dans les standards de beauté, même si on a l’impression qu’il y a une évolution", analyse-t-elle.

Cécilia Mendoza/saje

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