Depuis l'annonce en 1991 de la découverte de cette grotte ornée de dessins uniques au monde, dans les profondeurs marines des calanques de Marseille, l'idée d'en réaliser une réplique pour un large public a vite germé. Mais il aura fallu attendre 2016 pour que la Région Provence-Alpes-Côte-d'Azur décide de l'implanter à la villa Méditerranée, un bâtiment moderne mais inexploité.
Samedi, après deux ans et demi de travaux, la société Kléber-Rossillon, choisie pour conduire et gérer ce projet de 23 millions d'euros, ouvre au grand public la troisième copie d'une grotte préhistorique en France après celles de Lascaux en Dordogne (sud-ouest) et de Chauvet en Ardèche (sud-est) qu'elle avait déjà réalisées.
Bestiaire préhistorique englouti
C'est en 1985 qu'Henri Cosquer, 72 ans, plongeur-scaphandrier et animateur d'une école de plongée en Méditerranée, dit être tombé par hasard, par 37 mètres de fond, sur l'entrée de la grotte qui porte aujourd'hui son nom.
Sur ses parois émergées, un spectacle inoubliable l'attendait: la représentation de 229 figures de 13 espèces animales, des chevaux, bouquetins, bovidés, cerfs, bisons, antilopes saïga mais aussi phoques, pingouins, poissons. Du jamais vu dans les autres grottes préhistoriques déjà découvertes.
"Le résultat est fabuleux. On voit mieux les dessins que dans la vraie grotte", s'est enthousiasmé jeudi Henri Cosquer à l'issue d'une visite de presse. "Si l'homme de Cro-Magnon pouvait revenir il dirait: vous les hommes, vous arrivez maintenant à bouger les rochers et à les mettre dans le bon sens pour qu'on voie bien nos peintures", s'est-il amusé.
Jardin minéral reconstitué
Un ascenseur transformé en cabine de plongée avec des images marines dans des hublots descend jusqu'au sous-sol, sous le niveau de la mer, où les curieux embarquent par six dans un véhicule d'exploration.
Les visiteurs glissent en silence dans un jardin minéral reconstitué avec ses stalactites, ses effets mouillés, ses transparences, sa patine et ses bassins d'eau reflétant la roche.
Les principaux panneaux de la grotte, copiés par des artistes plasticiens, se succèdent sous des faisceaux lumineux: "la plage" (porte d'entrée de la découverte), "le panneau des chevaux", "les animaux marins", "le grand puits" avec ses mains noires et "le panneau des bisons" et ses mains rouges.
La visite prend fin au dernier étage du bâtiment par des expositions consacrées à la préhistoire et au réchauffement climatique, avec notamment un projection dynamique illustrant la montée des eaux dans la baie de Marseille. Quelque 800'000 visiteurs sont espérés la première année, 500'000 les suivantes.
ats/ami