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La Suisse officiellement élue au Conseil de sécurité de l'ONU pour 2023-2024

La Suisse accède au Conseil de sécurité des Nations Unies
La Suisse accède au Conseil de sécurité des Nations Unies / 19h30 / 2 min. / le 9 juin 2022
La Suisse a comme prévu été élue jeudi membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies pour la période 2023-2024. Ce vote représente l'aboutissement de près de 15 ans d'efforts de la diplomatie suisse.

La Suisse a été élue avec 187 voix sur 190 valables. La désignation de la Suisse, une première, ne constitue pas une surprise. Candidate officiellement depuis plus de 10 ans, elle a fait mieux que Malte, 185 voix, avec qui elle briguait les deux sièges du bloc d'Europe occidentale au sein de l'organe exécutif du système onusien.

L'élection au Conseil de sécurité représente "un jour très important pour la Suisse", s'est félicité le président de la Confédération Ignazio Cassis. "Vingt ans après notre entrée à l'ONU, nous voulons faire partie de la solution avec notre tradition humanitaire". "Nous croyons que nous pouvons apporter une contribution", a ajouté le Tessinois, en se réjouissant de faire "du bon travail". "Faites-nous confiance", a-t-il ajouté.

Lors d'une conférence de presse, le chef de la diplomatie helvétique a jugé que le bon résultat de la Suisse représente un "témoignage de la confiance dans notre pays". "C’est un résultat préparé pendant plusieurs années", a-t-il souligné.

"C'est précisément dans des périodes difficiles que des pays comme la Suisse peuvent jouer un rôle constructif et défendre le dialogue, a-t-il insisté, ne cachant pas sa "fierté". Il s'est dit convaincu que la Suisse est prête et "à la hauteur de la tâche".

"Un phare... pour son approche de principe de la paix"

L'élection de la Suisse a été saluée par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, qui y voit une "nouvelle preuve d'engagement en faveur de la paix et de la sécurité mondiales". "La Suisse a toujours été un phare dans la communauté internationale pour son approche de principe de la paix et du multilatéralisme", a réagi son porte-parole.

Le Conseil de sécurité est l'organe le plus élevé du système onusien, mais il est en proie à de constantes tensions, bloqué depuis des années par le droit de veto des grandes puissances.

Présidence en mai 2023

Dès janvier prochain, la Suisse participera comme membre non permanent aux travaux du Conseil de sécurité pour deux ans. Elle entre dans cette instance en même temps que Malte, le Mozambique, l'Equateur et le Japon. Avec notamment une présidence en mai prochain et une probable en septembre 2024 qui lui permettront de donner le ton à l'organe exécutif de l'ONU.

La plupart du temps, Berne sera représentée par son ambassadrice à l'ONU à New York Pascale Baeriswyl. Mais des conseillers fédéraux pourront aussi siéger, notamment au moment des deux présidences suisses.

Au centre des défis internationaux

Avec cette élection, la Suisse sera dans les prochains mois au centre des défis de la communauté internationale. Début juillet, elle accueillera la conférence sur la reconstruction de l'Ukraine à Lugano (TI) à laquelle pourrait participer le président ukrainien et où des dizaines d'Etats sont conviés.

De même, elle attend toujours une réponse de la Russie à l'offre suisse de représentation des intérêts ukrainiens dans ce pays et inversément. Une proposition acceptée par l'Ukraine.

Ces dernières semaines, les dirigeants de plusieurs pays ont relayé leur enthousiasme sur l'arrivée de la Suisse au Conseil de sécurité. Ils ont souvent mentionné son rôle de médiateur, devenu encore très recherché au Conseil en pleines tensions sur l'Ukraine.

>> Le grand débat de Forum: A quoi bon siéger dans une institution bloquée? :

Le grand débat - La Suisse au Conseil de sécurité de l'ONU: à quoi bon siéger dans une institution bloquée?
Le grand débat - La Suisse au Conseil de sécurité de l'ONU: à quoi bon siéger dans une institution bloquée? / Forum / 19 min. / le 9 juin 2022

asch/boi avec ats

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Les partis satisfaits, l'UDC exceptée

Les partis sont en majorité satisfaits par la nomination de la Suisse au Conseil de sécurité de l'ONU. Seule l'UDC fait grise mine et critique l'élection de la Suisse.

"La Suisse peut rendre un service important à la communauté internationale grâce à son expertise en matière de politique internationale et humanitaire et à son engagement en faveur du multilatéralisme", estime le Parti socialiste. Les Vert'libéraux y lisent aussi la possibilité pour la Confédération d'oeuvrer activement pour la paix.

"L'élection au Conseil de sécurité de l'ONU permet à la Suisse de renforcer son image de garante de la paix et du droit international", note le PLR. Pour l'UDC, cette élection a sonné "le glas de la neutralité suisse". Avec ce siège, la Suisse est "définitivement partie prenante à la guerre", ajoute-t-elle.

Côté ONG aussi, le soutien n'est pas entier non plus. La coalition Alliance Sud a pointé notamment le rôle de la place financière helvétique et des grandes entreprises multinationales. Celles-ci "violent les droits humains dans les pays économiquement défavorisés et nuisent considérablement à leur développement durable", selon elle.