Tensions et "provocations" autour de Taïwan en marge du sommet de Shangri-La à Singapour
Il s'exprimait depuis le sommet de Shangri-La, principal forum sécuritaire de la région Asie-Pacifique qui se tient ce week-end à Singapour.
"Nous constatons une coercition croissante de la part de Pékin", a déclaré samedi Lloyd Austin. "Cela inclut des avions volant près de Taïwan en nombre record ces derniers mois, et presque quotidiennement", a-t-il ajouté.
La veille, son homologue chinois Wei Fenghe avait mis en garde les États-Unis, lors d'une rencontre avec Lloyd Austin en marge du forum, sur le fait que Pékin "n'hésiterait pas à lancer une guerre, quel qu'en soit le prix" si "quiconque osait séparer Taïwan de la Chine", selon des propos rapportés par un porte-parole du ministère chinois de la Défense.
Fixer les lignes rouges
"Nous nous opposons catégoriquement à tout changement unilatéral du statu quo de part et d'autre", a rétorqué le chef du Pentagone. Il a averti que Pékin devait "s'abstenir" de toute nouvelle action "déstabilisatrice" dans cette région.
Les deux ministres ont échangé de manière bilatérale pour tenter de mettre en place des garde-fous et signaler les lignes rouges à ne pas franchir, dans l'optique d'éviter tout dérapage susceptible de déboucher sur un conflit armé dans une région devenue, au fil des ans, une véritable poudrière.
Wei Fenghe s'adressera dimanche au forum, qui se poursuit jusqu'au 12 juin. La Chine et les Etats-Unis devraient se rendre coup pour coup ces trois prochains jours lors de ce "Dialogue de Shangri-la", un rendez-vous annuel mais suspendu en 2020 et 2021 en raison du Covid-19.
Plusieurs sujets brûlants
La souveraineté de Taïwan, mais aussi les prétentions territoriales de Pékin en mer de Chine du Sud, l’expansion de l’influence chinoise dans le Pacifique ou encore la position ambiguë du Parti communiste vis-à-vis de l’intervention russe en Ukraine devraient être au coeur des tensions entre les deux puissances rivales.
Le Premier ministre japonais a d'ailleurs prononcé un discours d’ouverture dans lequel il a évoqué l'agressivité croissante de la Chine tout en appelant à une résolution pacifique.
jop avec ats et mp
Taiwan au coeur des tensions
La Chine estime que cette île de 24 millions d'habitants est l'une de ses provinces historiques, même si elle ne la contrôle pas, et a accru la pression ces dernières années, menant par exemple des campagnes d'incursions d'avions de guerre dans la zone de défense aérienne de Taïwan.
Dans ce contexte, le président américain Joe Biden a semblé rompre avec des décennies de politique américaine lorsqu'il a déclaré en mai que Washington défendrait militairement Taïwan si elle était attaquée par la Chine. La Maison Blanche a toutefois insisté depuis sur le fait que sa politique d'"ambiguïté stratégique" quant à une éventuelle intervention n'avait pas changé.