Dans son discours au début du Conseil des droits de l'homme, la Chilienne de 70 ans avait affirmé que c'était sa dernière grande intervention devant l'instance avant la fin de son mandat qui s'achève fin août. Sans dire si clairement si cette remarque s'appliquait à un éventuel second mandat, plongeant les Etats membres dans la perplexité. "Elle ne briguera pas un second mandat", a ensuite affirmé sa porte-parole.
Nommée en 2018 par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, la Chilienne était arrivée après avoir été à deux reprises présidente de son pays et avait tranché avec le ton de son prédécesseur, préférant une approche plus confidentielle avec les Etats membres sur leurs violations.
Certains lui auront reproché un manque de clarté, reflétée à nouveau dans son annonce de lundi. Certains observateurs ces derniers mois se disaient persuadés qu'elle ne chercherait pas un nouveau mandat de quatre ans.
La pression était montée ces derniers mois sur elle, notamment des Etats-Unis, avant sa visite controversée en Chine où elle s'est notamment rendue au Xinjiang où plus d'un million d'Ouïghours seraient détenus dans des camps d'internement. Elle a fait face ensuite à la réprobation de certains Etats et ONG qui ont accusé la Chilienne de s'être laissée instrumentaliser, certaines organisations appelant même à sa démission.
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Rapport sur la Chine prévu
Un rapport de la Haute commissaire est attendu depuis l'année dernière sur la situation en Chine. La question se pose désormais de savoir s'il sera dévoilé avant son départ.
Devant le Conseil lundi, Michelle Bachelet a affirmé que l'instance onusienne, "malgré les différences de ses membres", "reste centrale pour la protection et la défense des droits humains qui sont au centre de notre humanité commune". Celle-ci "a prouvé sa capacité à le faire", a-t-elle ajouté.
Cette annonce énigmatique ne l'a pas empêchée d'aborder un certain nombre de situations préoccupantes. Les horreurs en Ukraine vont laisser des traces "sur des générations", a-t-elle ainsi affirmé au début de la 50e session du Conseil. Les "ramifications sociales, économiques et politiques" de la guerre s'élargissent "dans la région et dans le monde entier", a également ajouté la Chilienne.
Au total, environ 1,2 milliard de personnes se trouvent dans des territoires exposés en même temps aux menaces dans les trois domaines mentionnés par la Haute commissaire. Environ 50 millions de personnes supplémentaires pourraient faire face à une insécurité alimentaire grave, selon le Programme alimentaire mondial (PAM).
Parmi les autres nombreuses dossiers mentionnés, la Haute commissaire s'est dite "de plus en plus alarmée" par les déconvenues pour les droits des femmes. "C'est le moment de davantage d'avancées, pas davantage de restrictions", a-t-elle ajouté, déplorant la situation aux Etats-Unis sans formellement parler de la discussion sur le droit à l'avortement à la Cour suprême.
Investigation sur la Libye menacée
Michelle Bachelet a aussi demandé l'ouverture d'investigations pénales après le meurtre il y a un mois de la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh, dénonçant à nouveau un climat d'impunité en Israël. Un reproche que la Commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU sur les violations des droits humains dans ce pays et dans les territoires palestiniens avait également émis la semaine dernière dans son premier rapport.
En Turquie, Michelle Bachelet appelle à une attention aux libertés fondamentales avant les élections de l'année prochaine. Pendant un mois de travaux, le Conseil doit aborder des dizaines de dossiers. Plusieurs commissions d'enquête ou missions d'établissement des faits internationales doivent être renouvelées.
Parmi elles, celle sur la situation des droits humains en Libye pourrait être menacée, selon certains pays. Un scénario qui constituerait un nouvel échec pour l'instance après la non reconduction du groupe d'experts sur le Yémen l'année dernière, une première en plus de 15 ans de Conseil des droits de l'homme.
ats/ther
La Suisse remercie Michelle Bachelet
La Suisse remercie pour son travail la Haute commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Michelle Bachelet. "Nous espérons que le processus pour sa succession sera rapide et transparent", a affirmé lundi à Keystone-ATS la mission suisse à l'ONU à Genève. "Ce n'est pas encore le temps des bilans", ajoute-t-elle.