Yves Rossier: "La Russie ne s'arrêtera pas avant d'obtenir ce qu'elle considère comme une victoire"
L'ancien diplomate s'aligne sur les récentes déclarations de Jens Stoltenberg. Le secrétaire général de l'Otan a estimé dimanche dans le quotidien allemand Bild que la guerre pourrait durer "des années".
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"Les Ukrainiens ne peuvent pas déposer les armes et les Russes ne peuvent pas s'arrêter avant d'avoir atteint ce qu'ils considéreront comme une victoire", analyse Yves Rossier.
Selon lui, la fin de la guerre pourrait se produire selon trois hypothèses. "Tout d'abord, via des négociations. Mais elles sont interrompues et chaque partie a des attentes inacceptables pour l'autre. Ensuite, le fait que les Ukrainiens déposent les armes. Là encore, c'est très peu vraisembable. Enfin, la troisième hypothèse serait le rappel des soldats russes chez eux. Donc tout porte à croire que la guerre va durer."
Les objectifs évoluent
En poste de 2017 à 2020 à Moscou, Yves Rossier rappelle que les objectifs russes ont évolué au cours du conflit. "Quand il y a une guerre, une dynamique se met en route et dépasse les objectifs réels ou annoncés au début. Une toute autre logique se met en place sur le terrain", relève le Fribourgeois.
En février, Moscou a invoqué la "dénazification" et la démilitarisation pour justifier son offensive en Ukraine. "Un nouveau volet est apparu au cours des opérations militaires: celui des acquisitions territoriales. Il y a des opérations en cours à l'est de l'Ukraine, mais aussi au sud. Des villes comme Kherson sont occupées par les Russes et il semble peu probable que le Kremlin soit disposé à lâcher ces territoires. Tout comme il paraît difficile que les Ukrainiens acceptent un démantèlement de leur propre pays."
Conférence à Lugano
Une conférence internationale sur la reconstruction de l'Ukraine se tiendra sur sol suisse, à Lugano, du 4 au 5 juillet. Yves Rossier estime que l'événement arrive "un peu tôt".
"Pour l'instant c'est la destruction de l'Ukraine qui est en cours, la destruction de ses infrastructures, de ses villes. Mais il est toujours bien de mettre l'Ukraine sur le devant de l'actualité et de voir les efforts qui peuvent être coordonnés pour aider les Ukrainiens à survivre dans des circonstances pareilles."
Propos recueillis par Eric Guevara-Frey/gma