Le grand hall de la gare londonienne de King's Cross n'accueillait mardi matin qu'un public clairsemé, à la place de l'habituelle cohue des heures de pointe.
Seuls quelques voyageurs guettaient çà et là les panneaux d'affichages, à l'affût d'informations sur les quelques trains en circulation. Des voyageurs qui se montraient majoritairement compréhensifs envers la grève des cheminots.
Après l'échec de négociations de la dernière heure, les parties campaient sur leurs positions mardi.
Le ministre des Transports Grant Shapps a encore parlé sur la chaîne Sky News d'un débrayage "inutile". "Nous devrons faire ces réformes quoiqu'il arrive", a-t-il affirmé.
Plus de 50'000 employés en grève
Le syndicat RMT avait prévenu début juin que plus de 50'000 employés des chemins de fer allaient cesser le travail "lors du plus gros conflit sectoriel depuis 1989" et les grandes privatisations du secteur, réclamant notamment des hausses salariales en phase avec l'inflation galopante.
Outre les salaires, RMT dénonce la dégradation des conditions de travail et "des milliers de licenciements" prévus, selon lui, par la myriade de compagnies privées qui composent le secteur ferroviaire au Royaume-Uni.
Grant Shapps fait, lui, valoir qu'il y a une offre salariale "sur la table" - insuffisante pour le RMT - et que les "suppressions de postes sont dans l'ensemble volontaires".
Le ministre dit envisager à l'avenir "des protections" pour les usagers des transports en commun, comme par exemple "un service minimum" ou le remplacement des grévistes, notamment par des intérimaires.
Le secrétaire général du RMT, Mike Lynch, a rétorqué que "ce bazar a été créé par Grant Shapps et la politique du gouvernement".
Métro de Londres également perturbé
Mardi sera la plus grosse journée de mobilisation, car les employés du métro de Londres sont eux aussi appelés à débrayer.
La grève se poursuivra jeudi et samedi, mais les perturbations se feront sentir tous les jours jusqu'à dimanche, a prévenu TfL.
Pour les Britanniques, cela viendra s'ajouter au chaos dans les aéroports ces dernières semaines, marqué par des files d'attente à rallonge et des annulations de vols par centaines, alors que le secteur peine à recruter face à la reprise de la demande après la levée des restrictions sanitaires.
Une grève qui pourrait s'étendre
Le gouvernement doit se réunir mardi. Depuis la semaine dernière, l'exécutif répète que cette grève va nuire aux innombrables Britanniques empêchés de se rendre à leur travail ou à des rendez-vous médicaux, et peser sur les comptes des PME déjà malmenées par le Covid-19.
Ce débrayage menace aussi de perturber de grands événements sportifs et culturels, comme le festival de musique de Glastonbury (sud-ouest de l'Angleterre), un concert des Rolling Stones à Londres samedi et les examens de fin d'études de certains lycéens.
La grève pourrait s'étendre à d'autres modes de transports ou d'autres secteurs, comme l'enseignement, la santé, la poste. Certains avocats ont déjà voté en faveur d'un débrayage dès la semaine prochaine, en conflit avec le gouvernement sur le montant de l'aide juridictionnelle.
afp/ebz