Modifié

Des manifestations indigènes embrasent l'Equateur depuis 10 jours

Des milliers de manifestants indigènes dans la rue en Équateur
Des milliers de manifestants indigènes dans la rue en Équateur / L'actu en vidéo / 1 min. / le 23 juin 2022
Des milliers d'indigènes continuent à manifester contre le coût de la vie à Quito, la capitale équatorienne, après dix jours consécutifs d'hostilités. Les heurts ont fait deux morts et des dizaines de blessés.

Quito est en partie paralysée depuis lundi par environ 10'000 manifestants indigènes venus de tout le pays, qui descendent quotidiennement dans la rue pour protester contre le coût de la vie et réclamer plus d'aides sociales, dans un contexte de difficultés économiques croissantes. Jeudi, la police a dispersé à l'aide de grenades lacrymogènes des protestataires qui tentaient de pénétrer dans le bâtiment du Parlement, situé dans la capitale.

La puissante Confédération des nationalités indigènes d'Equateur (Conaie), qui a participé aux révoltes ayant renversé trois présidents entre 1997 et 2005 et mené de violentes manifestations en 2019, organise depuis le 13 juin des marches et barricades pour exiger une baisse des prix du carburant.

Les protestataires dénoncent également le manque d'emplois, l'octroi de concessions minières dans les territoires autochtones, l'absence de contrôle des prix des produits agricoles et demandent une renégociation des dettes des paysans.

Son chef, Leonidas Iza, accuse le gouvernement d'avoir "du sang sur les mains" et exige, avant toute discussion, l'abrogation de l'état d'urgence déclaré dans 6 des 24 provinces du pays.

>> Lire aussi : État d'urgence en Équateur après des protestations contre l'inflation

État d'urgence maintenu

Le ministre des Affaires gouvernementales, Francisco Jimenez, lui a opposé une fin de non recevoir: "Nous ne pouvons pas lever l'état d'urgence, car cela laisserait la capitale sans défense", a-t-il estimé. "Nous savons déjà ce qui s'est passé en octobre 2019 et nous n'allons pas le permettre", a-t-il souligné, en référence à l'envahissement du Parlement, l'incendie d'un bâtiment gouvernemental et de nombreux biens publics endommagés.

Au pouvoir depuis mai 2021, le président Lasso, qui accuse les protestataires de vouloir le renverser, a déclaré mardi qu'il acceptait "un processus de dialogue franc et respectueux avec la Conaie et d'autres organisations civiles".

Le gouvernement reproche aux manifestants l'attaque d'un poste de police de la ville de Puyo, dans la province de Pastaza.  Les assaillants ont incendié dans la nuit de mardi à mercredi le bâtiment alors que les policiers étaient encore à l'intérieur.

"Six policiers ont été grièvement blessés, trois sont retenus en otages par une communauté indigène et 18 sont portés disparus", a indiqué le ministre de l'Intérieur Patricio Carillo au cours d'une conférence de presse à Quito.

Des dizaines de blessés

C'est au cours de ces violences qu'un manifestant a été tué et son décès annoncé dans la soirée mardi. Il est mort après avoir "manipulé un engin explosif" selon la police, "touché au visage, apparemment par une grenade de gaz lacrymogène", d'après une ONG.

L'Alliance des organisations des droits humains fait état d'au moins 90 blessés et 87 arrestations depuis le début des manifestations. La police avance un bilan de 101 policiers et militaires blessés et 80 civils arrêtés.

afp/doe/ami

Publié Modifié