Appels à résister aux Etats-Unis après la révocation du droit fédéral à l'avortement

Après le choc, les partisans du droit à l'avortement se sont à nouveau mobilisés aux Etats-Unis pour une deuxième journée de manifestations contre la décision de la Cour suprême. Des dizaines de personnes se sont rassemblées en milieu de journée devant la Cour suprême à Washington. Des noms d’oiseaux pour les six juges conservateurs qui ont abandonné la jurisprudence sur l’avortement ont été placardés.

Des protestations étaient aussi prévues dans tout le pays, notamment à New York, Los Angeles, Chicago, Atlanta ou Seattle. Des appels à résister ont aussi été émis dans les Etats qui ont profité de l'arrêt de la haute cour pour bannir immédiatement les interruptions de grossesse sur leur sol, comme le Missouri ou le Dakota du Sud.

Un seul mot d’ordre a été donné aux manifestants, à savoir occuper les rues pour faire pression sur le gouvernement fédéral.

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"Mon corps, mon choix"

Ces nouvelles manifestations succèdent à celles de la veille. Aux cris de "Mon corps, mon choix", la révolte a été immédiate après la décision de la Cour suprême. Des manifestations ont réuni les partisanes et partisans de la liberté de choix aux quatre coins des Etats-Unis. Plusieurs milliers de personnes se sont notamment rassemblées à New York et à Washington. Plus rarement, des défilés ont aussi salué une décision jugée historique.

Les manifestations étaient en majorité opposées à la décision de la Cour suprême, dénonçant ce qui est vécu comme un retour en arrière insensé. "Pour moi, c'est tragique. Nous nous sommes tellement battus pour ce droit. En 1973, on l'avait enfin gagné. Et maintenant, 50 ans après, ils nous l'arrachent comme ça", témoigne une manifestante à Washington. "C’est comme dans la série Handmade’s Tale", ajoute une autre.

>> Les images des manifestations de vendredi :

Et une femme sous le choc de dénoncer: "J'ai vécu le temps où l'avortement était illégal, quand les femmes le faisaient illégalement. Elles mourraient de leur avortement ou elles vivaient leur grossesse et abandonnaient leurs enfants, pour leur plus grande douleur. Ou leurs petits amis devenaient fous de rage et leur donnaient des coups de poing dans le ventre pour tuer le bébé."

"L’idée qu’un groupe de personnes décide de ce que je peux faire ou pas de mon corps à cause de leurs convictions religieuses me dégoûte", a encore déclaré une manifestante à New York. Une autre se montrait très pessimiste pour l'avenir: "Toutes ces décisions montrent le pouvoir détenu par cette Cour suprémaciste raciste. Ils sont déterminés à tout attaquer, de la contraception au mariage gay. L’avenir des Etats-Unis risque d’être fou."

>> Les précisions de Loubna Anaki à New York dans Forum :

KEYSTONE - STEVE HELBER

Des cliniques fermées dans plusieurs Etats

Dans une volte-face historique, la très conservatrice Cour suprême des Etats-Unis a enterré vendredi le droit fédéral à l'avortement. Le président Joe Biden a dénoncé une "erreur tragique" qui "met la santé et la vie de femmes en danger" et appelé les Américains à défendre le droit à l'avortement lors des élections de mi-mandat en novembre.

Alors que des cliniques du Missouri, Dakota du Sud ou de Géorgie ont rapidement fermé leurs portes les unes après les autres, des Etats démocrates, comme la Californie ou New York, se sont engagés à défendre l'accès aux IVG sur leur sol.

Cette révolution a été déclenchée par la décision de la Cour suprême de révoquer son arrêt emblématique "Roe v. Wade", qui depuis 1973 garantissait le droit des Américaines à avorter, la majorité de ses juges l'estimant aujourd'hui "totalement infondé".

"La Constitution ne fait aucune référence à l'avortement et aucun de ses articles ne protège implicitement ce droit", écrit le juge Samuel Alito. "Il est temps de rendre la question de l'avortement aux représentants élus du peuple" dans les parlements locaux.

26 Etats pourraient interdire rapidement l'avortement

Selon l'institut Guttmacher, un centre de recherche qui milite pour l'accès à la contraception et à l'avortement dans le monde, 13 Etats disposent de lois dites "zombies" ou "gâchette": interdisant l'avortement, elles ont été rédigées pour entrer en vigueur quasi automatiquement en cas de revirement à la Cour suprême. Une douzaine d'autres Etats devraient suivre avec des interdits complets ou partiels.

Ainsi, 26 Etats disposent d'ores et déjà de lois permettant de mettre en place une interdiction immédiate, à l'image de l'Oklahoma qui a interdit l'avortement dès la fécondation. Le Texas impose pour sa part des réglementations contraignantes aux cliniques pratiquant l'avortement dans le seul but d'entraver leur action.

À l'inverse, d'autres Etats offrent aux personnes à faibles revenus des fonds d'aide pour couvrir les frais liés à une interruption volontaire de grossesse, comme dans l'Oregon.

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Des manifestations violentes

Parmi les nombreuses manifestations vendredi, deux ont été marquées par des violences. A Cedar Rapids, dans l'Iowa, une camionnette a foncé dans un groupe de manifestants, blessant une femme, selon les médias locaux.

Et en Arizona, la police a reconnu avoir usé de gaz lacrymogène pour disperser des manifestants qui "frappaient de façon répétée les vitres du Sénat de l'Etat". A Los Angeles, une manifestation a été dispersée de façon musclée par des policiers équipés de matraques.

boi avec les agences