Le massacre le plus important a eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche dernier à Diallassagou et dans deux localités des environs, dans le centre du pays qui est l'un des principaux foyers de violence qui ensanglante le Sahel depuis des années: 130 personnes ont alors été froidement assassinées.
Cet événement constitue l’une des pires attaques terroristes perpétrés sur le sol malien. Venus à motos, les assaillants ont ciblés majoritairement les hommes des différents villages sur leur passage. Trois jours de deuil national ont été décrétés dès lundi et quatre ministres ont été dépêchés sur place pour transmettre leurs condoléances et fournir de l’assistance aux rescapés.
Dans la foulée, l'armée a annoncé que 50 djihadistes ont été "neutralisés" dans cette zone.
Les civils plus touchés qu'auparavant
Dans la capitale Bamako, les partis politiques et les organisations de la société civile ont unanimement condamné ces tueries. Mais au-delà de l’unité nationale pour dénoncer cette barbarie, l'incapacité des forces de sécurité à mettre fin au cycle de violences pose question.
Dans ce conflit, contrairement aux années précédentes, les civils paient un lourd tribut. Selon l’ONG Human Rights Watch, il y a une "hausse dramatique" des civils tués. La mission de l'ONU au Mali (MINUSMA) évoque également dans son dernier rapport une augmentation de 151% des actes de violences et d’abus perpétrés contre les civils par rapport au trimestre précédent.
Pour l’ONG Armed Conflict Location & Event Data (ACLED), près de 1600 civils ont été tués depuis le début de l’année dans la région. Ces chiffres sont en opposition avec le discours des autorités sur la "montée en puissance" de l’armée malienne.
Armée française ou armée russe, la situation ne change pas
Selon plusieurs analystes, les djihadistes veulent avec ces attaques se venger des populations accusées de collaborer avec l’armée. Les forces de sécurité mènent en effet des opérations de traque et de lutte très offensives contre les terroristes.
Même si le départ des forces armées françaises et l'arrivée des partenaires russes rendent la situation préoccupante, depuis 2012, les attaques n’ont jamais véritablement cessé dans le pays.
Au nord, dans les régions de Gao et Ménaka par exemple, la situation sécuritaire s’est considérablement détériorée, selon l’ONU, suite à la recrudescence des affrontements entre les groupes armées loyalistes à l’Etat malien et les éléments de l’Etat islamique au Grand Sahara.
La protection des civils au coeur des discussions
Alors que les groupes affiliés à Al-Qaïda continuent de mener ses opérations de guérilla, l’armée nationale accompagnée de ses supplétifs russes est également accusée d’exaction dans plusieurs localités.
Dans ce contexte, la question de la protection des civils sera au coeur des discussions sur le renouvellement par l’ONU de la mission des Nations unies pour la stabilisation du Mali à la fin du mois.
Reportage radio: Kaourou Magassa
Adaptation web: Andreia Portinha Saraiva