Les leaders des grandes puissances se sont retrouvés à la mi-journée dans le cadre enchanteur du château d'Elmau, non loin de la frontière autrichienne, pour le sommet annuel du club des sept pays industrialisés (G7) comprenant Allemagne, Canada, France, Italie, Japon, Royaume-Uni et Etats-Unis.
Des milliers de policiers sont mobilisés pour sécuriser la rencontre, prévue jusqu'à mardi dans un complexe de luxe au pied des cimes. Samedi, à une centaine de kilomètres de là, des milliers de manifestants ont défilé, sans incident notable, dans les rues de Munich pour exiger une action plus ferme en faveur du climat.
Les défis croissants d'un conflit dans la durée
La poursuite du soutien à l'Ukraine, où l'offensive russe entre dans son cinquième mois, est au coeur de cette réunion puis du sommet de l'Otan, qui se tiendra sur deux jours, à Madrid, à partir du 28 juin.
En début de réunion, les dirigeants du G7 ont annoncé un élargissement des sanctions contre Moscou. Ils ont notamment fait savoir qu'ils allaient ensemble interdire l'or russe, une source d'exportation majeure.
Face à un risque de "fatigue", évoqué par Boris Johnson, du camp occidental, le président américain Joe Biden a lancé un nouvel appel à l'unité du G7 et de l'Otan face à Moscou. Hôte du sommet, le chancelier allemand a également loué l'unité des alliés, à laquelle "Poutine ne s'attendait pas", appelant chaque pays "à partager la responsabilité" de faire face aux défis croissants de ce conflit qui s'installe dans la durée.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui interviendra lundi en visioconférence, devrait de nouveau demander l'envoi d'armes lourdes, après que les Russes viennent de prendre le contrôle de Severodonetsk.
Il s'agit d'un "moment critique pour l'évolution du conflit", ont souligné Boris Johnson et le président français Emmanuel Macron, selon un porte-parole du gouvernement britannique. Ils pensent qu'il est "possible de renverser le cours de la guerre", selon Downing Street.
Joe Biden veut lui démontrer à ses alliés que tenir tête à la Russie et faire face à la Chine sont des objectifs complémentaires, et non opposés, selon John Kirby, coordinateur de la communication de la Maison Blanche sur les questions stratégiques.
S'assurer d'être toujours sur la même ligne
Pour les Etats-Unis, le Canada, le Japon, la France, le Royaume-Uni, l'Italie et l'Allemagne, ainsi que l’Union européenne, il sera important de "se mettre en ligne ou de s’assurer qu’ils sont toujours en ligne", explique dans Forum Charles Wyplosz, professeur d’économie à l’Institut des hautes études internationales et du développement à Genève (IHEID).
"Les dirigeants ont toujours des idées un peu différentes les uns des autres sur la manière d’aborder l’affaire ukrainienne", indique le spécialiste en économie internationale. "Les Etats-Unis sont prêts à prendre des positions beaucoup plus dures vis-à-vis de la Russie. Le nerf de la guerre pour la Russie, ce sont les exportations de pétrole et de gaz, qui ne concernent pas les Etats-Unis, qui sont autosuffisants. Par contre, pour les pays européens et en particulier pour l’Allemagne, c’est un problème crucial. Les Allemands hésitent donc à grimper dans l’échelle des sanctions."
Crise énergétique
Les baisses drastiques de livraison de gaz par Moscou, destinées selon les Occidentaux à déclencher une crise énergétique en Europe avant un hiver qui s'annonce tendu, sont aussi au menu des discussions. Les dirigeants vont évoquer l'économie mondiale, en proie à l'inflation galopante, liée notamment à la hausse des coûts de l'énergie et des denrées alimentaires.
La participation au G7 de l'Indonésie, l'Inde, le Sénégal, l'Afrique du Sud et l'Argentine, économies émergentes particulièrement exposées au risque de pénuries alimentaires et à la crise climatique, vise à forger des réponses communes à ces défis.
Les acteurs du climat attendent aussi du G7 des avancées concrètes, dont la "planification" de l'élimination complète des énergies fossiles.
ther/boi avec afp
Vers un embargo sur les importations d'or russe
Plusieurs membres du G7 ont annoncé l'interdiction des importations d'or russe, une décision qui s'ajoute aux trains de sanctions déjà instaurées à l'encontre de Moscou depuis que la Russie est entrée en guerre contre l'Ukraine.
"Les mesures que nous avons annoncées aujourd'hui toucheront directement les oligarques russes et frapperont en plein coeur la machine de guerre de Poutine", a déclaré dans un communiqué le Premier ministre britannique Boris Johnson.
"Nous devons assécher le régime de Poutine de ses financements. C'est ce que font le Royaume-Uni et nos alliés."
Un haut responsable américain avait annoncé plus tôt qu'une annonce officielle interviendrait mardi. "C'est une exportation clef, une source de revenus clef pour la Russie en ce qui concerne sa capacité à faire des transactions sur le système financier mondial", a dit ce responsable.
Les exportations d'or russe ont représenté l'année dernière 12,6 milliards de livres (14,64 milliards d'euros) et les Russes les plus fortunés accumulent les lingots pour amortir l'impact des sanctions financières occidentales, explique le gouvernement britannique.