Les pays du G7 veulent resserrer encore l'étau économique autour de la Russie. Limiter le prix du pétrole russe permettrait de tarir l'une des principales sources de revenu de la Russie, mais le mécanisme à mettre en place s'annonce complexe.
Un plafonnement passerait par les "services" qui entourent l'exportation de pétrole russe, a expliqué un haut responsable de l'exécutif américain. Ce terme de "services" peut faire référence en particulier au transport par navire, ou encore aux contrats d'assurance sur les chargements du brut russe.
Un concept nouveau
"Il y a un consensus qui émerge (...) sur le fait que c'est une méthode sérieuse", a indiqué lundi Jake Sullivan, principal conseiller diplomatique du président américain. Il a toutefois reconnu que les discussions continuaient.
Un accord des membres du G7 sur ce sujet serait "un pas en avant assez spectaculaire" et "l'un des résultats les plus significatifs" de la rencontre, a-t-il poursuivi, assurant que la difficulté des discussions ne tenait pas à des désaccords de fond. "Ce n'est pas quelque chose que nous pouvons sortir de nos tiroirs comme si c'était une méthode déjà testée et approuvée... c'est un concept nouveau. Les dirigeants ne peuvent pas décider chaque détail ici", a-t-il souligné, évoquant des "instructions" des chefs d'Etat à leurs ministres pour élaborer un tel projet.
La France s'est dite favorable à cette proposition et juge même nécessaire de l'élargir au gaz et à tous les acteurs du marché, tout en admettant que le mode d'emploi d'un tel outil est "assez incertain".
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lui aussi demandé lundi au G7 de renforcer les sanctions contre la Russie "en limitant les prix du pétrole" exporté par Moscou. Le sommet doit s'achever mardi.
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Eviter de faire gonfler encore le cours du pétrole
Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février, la question de savoir comment sanctionner les hydrocarbures russes est l'une des plus épineuses pour les Occidentaux. "Nous voulons nous assurer que ce que nous décidons aura un effet négatif sur la Russie et non un effet négatif sur nous-mêmes", avait déclaré dimanche le président du Conseil européen Charles Michel. Les dirigeants du G7 veulent éviter de faire gonfler encore le cours de l'or noir et d'alimenter ainsi une inflation des prix à la pompe qui pèse lourdement sur leurs populations.
Au terme de dures négociations, l'Union européenne avait déjà décidé de bannir dans les six mois la majeure partie du pétrole russe. Les Etats-Unis, qui sont dans une situation très différente puisqu'ils sont eux-mêmes de gros producteurs, l'avaient déjà fait. Mais Moscou peut trouver d'autres débouchés: la Chine et l'Inde, entre autres, ont déjà montré leur appétit pour son pétrole.
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"Aujourd'hui n'est pas le moment de la négociation"
Invité à s'exprimer au sommet du G7 par vidéoconférence, Volodymyr Zelensky a exhorté les dirigeants mondiaux à redoubler d'efforts pour mettre un terme rapide à la guerre qui ravage son pays et à durcir encore leurs sanctions contre Moscou.
"Le président Zelensky a fait à tous une réponse qui était très claire: aujourd'hui n'est pas le moment de la négociation. L'Ukraine négociera quand il sera en position de le faire c'est-à-dire quand il aura rétabli au fond une position de force", a indiqué la présidence française.
"En attendant, il a besoin de mettre un terme à la guerre aussi vite que possible", a ajouté l'Elysée, en soulignant que le dirigeant ukrainien avait fixé comme échéance l'arrivée de l'hiver. Volodymyr Zelensky a insisté sur la "nécessité d'un soutien plein, entier, très opérationnel à l'Ukraine" afin de permettre la "restauration de l'intégrité territoriale" du pays.
ats/vic
Les efforts se poursuivent pour sevrer l'Europe du gaz russe
Américains et Européens ont par ailleurs promis lundi, dans un communiqué commun de Joe Biden et de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, de poursuivre leurs efforts pour aider l'Union européenne à se sevrer du gaz russe, dont elle est très dépendante. Cette démarche passe notamment par le gaz naturel liquéfié (GNL) comme alternative à celui livré par la Russie par gazoducs et que Moscou utilise comme une arme.
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L'Allemagne a par exemple dû prendre des mesures d'urgence pour sécuriser son approvisionnement face aux baisses récentes de livraison de gaz par le groupe russe Gazprom, qui a aussi réduit ses livraisons à l'Italie.
Depuis mars, c'est-à-dire depuis le début de la guerre en Ukraine, "les exportations mondiales de GNL vers l'Europe ont augmenté de 75% par rapport à 2021, tandis que les exportations de GNL américain vers l'Europe ont quasiment triplé", selon le texte signé par Joe Biden et Ursula von der Leyen.
Le G7 veut élargir le front qui fait face à Moscou
Les dirigeants de l'Inde, de l'Argentine, du Sénégal, de l'Indonésie et de l'Afrique du Sud, ainsi que le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres se sont joints lundi après-midi aux discussions du G7 dans les Alpes bavaroises.
Cette invitation de pays qui représentent plus de 1,7 milliard d'habitants revêt d'importants enjeux stratégiques: en conviant cinq pays émergents, dont les géants indien et sud-africain, particulièrement exposés aux risques de crise alimentaire, le G7 cherche à élargir le front des démocraties face à Moscou et Pékin. L'Inde, le Sénégal et l'Afrique du Sud se sont récemment abstenus lors du vote d'une résolution de l'ONU condamnant l'attaque russe.
"Sur la guerre en Ukraine, nous portons des regards différents, nous le savons tous, c'est pourquoi il est important que nous en parlions ensemble et que nous échangions nos points de vue respectifs", a souligné le chancelier allemand Olaf Scholz à l'issue de la rencontre.